Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
C’est l’hymne à la joie, les trompettes d’Aïda… et le triomphe de la fabrique du contentement. La surprise, ce ne sont pas les 3% de hausse du future CAC40 peu après minuit (lors de la reprise des transactions sur les échanges électroniques, un écart rapidement réduit à +2%/+2,5%)… mais le brutal doublement des gains à 8 heures ce matin qui propulsait l’indice de 5 175 vers 5 350 points (sur les futures, toujours). C’est techniquement un « krach à la hausse » ; du jamais vu depuis les rebonds impulsifs de l’automne 2008 ! Et la liste des locomotives du CAC40 en dit long sur qui a gagné les élections. Dès les premiers échanges, le tableau était éloquent avec BNP Paribas (PA:BNPP) à +8%, Société Générale (PA:SOGN) bondit à +9% (bientôt +10%) ; le Crédit Agricole (PA:CAGR) +10%, sans oublier AXA (PA:AXAF) et Natixis à +7%… et évidemment, les secteurs très dépendants de l’abondance de crédit (le BTP, orienté vers la construction de logement et le secteur auto) s’enflamment à leur tour. Du point de vue technique, nous assistons à une grande première historique avec cet énorme gap haussier partant de niveaux déjà très proches des records absolus. Eh oui, regardez ce graphique du CAC40 GR (global return) : l’indice pulvérise son précédent record (12.725 le 12 avril) pour en inscrire un nouveau à 13 058.
Un gain de +4 à +5% de la Bourse de Paris qui propulse tous les indices mondiaux vers des records absolus (le Nasdaq pourrait tester 6 000 Pts dès ce soir, l’EuroStoxx50 pulvérise ses sommets du printemps 2015), c’est tout simplement époustouflant et en dit long sur l’ampleur de la victoire et des gains à venir que pense avoir remporté la « finance sans visage » sur ceux qui défendent les perdants du système. Il est très symptomatique que dans les commentaires de début de séance, personne n’évoque les bienfaits du programme de Mr Macron (qui prend la peine de les évaluer, qui cherche à expliquer ce que les uns y gagnent et ce que les autres y perdent) pour se complaire dans le registre émotionnel. C’est à dire le sempiternel « faire barrage aux extrêmes et aux Euro-sceptiques » qui enterre tout débat sur l’avenir du pays (et très largement celui des classes moyennes qui décrochent depuis la crise) après la victoire pressentie comme imparable et triomphale du champion des marchés financiers.