par Juliette Rouillon
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en hausse mercredi, renforçant leurs gains de la veille, après les propos optimistes de Donald Trump concernant les chances d'un accord commercial avec Pékin, mais la Bourse de Londres est à la traîne alors que Theresa May devra se soumettre à un vote de défiance dans la soirée.
À Paris, l'indice CAC 40 progresse de 1,69% à 4.887,18 points vers 09h50 GMT. À Francfort, le Dax prend 1,15% tandis qu'à Londres, le FTSE avance de 0,84%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro gagne 1,35%, le FTSEurofirst 300 s'adjuge 0,94% et le Stoxx 600 avance de 1,02%.
Le président américain a évoqué mardi sur Twitter (NYSE:TWTR) des "conversations très productives en cours" sur le commerce avec la Chine. Les deux pays ont discuté d'une feuille de route pour la prochaine étape de leurs négociations commerciales au cours d'une conversation téléphonique qui s'est tenue mardi, tandis que des informations selon lesquelles Pékin envisage de réduire ses droits de douane sur les voitures américaines dopaient le secteur.
Donald Trump a par ailleurs accordé une interview à Reuters dans laquelle il a déclaré qu'il pourrait de nouveau s'entretenir avec son homologue chinois Xi Jinping sur les questions commerciales si cela venait à être nécessaire, et il a précisé qu'il ne comptait pas imposer de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois dans l'immédiat.
Il s'est également dit disposé à intervenir auprès du département américain de la Justice concernant les poursuites judiciaires contre la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei si cela permettait de favoriser la conclusion d'un accord commercial avec la Chine.
Au Royaume-Uni, la procédure d'un vote de défiance interne contre la Première ministre Theresa May, fragilisée par sa décision de repousser le vote sur l'accord du Brexit, a été enclenchée mercredi matin et les élus conservateurs se prononceront entre 18h00 et 20h00 GMT.
Si 158 des 315 élus conservateurs à la Chambre des Communes votent la défiance, Theresa May sera renversée et le futur chef du Parti conservateur la remplacera à la tête du gouvernement britannique à moins de quatre mois de la date fixée pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Côté italien, à la veille du conseil européen, la coalition au pouvoir compte présenter à la Commission son projet de budget 2019 amendé, selon une source gouvernementale, mais le quotidien La Repubblica précise toutefois que Rome n'a pas l'intention de ramener son déficit sous les 2,1% du PIB.
Une rencontre est en principe prévue ce mercredi entre le président du Conseil Giuseppe Conte et le président de la Commission Jean-Claude Juncker.
VALEURS
Pernod Ricard (PA:PERP) affiche la plus forte hausse du CAC 40, avec un gain de 3,66% alors que le fonds activiste Elliott a annoncé son entrée au capital et indiqué avoir soumis au PDG du groupe des mesures visant à améliorer sa performance opérationnelle et sa gouvernance.
Tous les indices sectoriels européens sont dans le vert, à l'exception de la distribution (-0,15%), affaibli par Inditex (MC:ITX) et Dixons Carphone (LON:DC).
Inditex, propriétaire de Zara, chute de 4,5% à Madrid après avoir publié un bénéfice inférieur aux attentes des analystes au titre de son troisième trimestre en raison d'effets de change défavorables.
De même, le distributeur de téléphonie mobile et d'électronique grand public en difficulté, Dixons Carphone, perd 9% à Londres après avoir annoncé une perte imposable semestrielle de 440 millions de livres.
Rolls Royce, en revanche, prend 3,09% après avoir annoncé que ses bénéfices et cash flow annuels seraient dans la moitié supérieure de ses prévisions, une annonce qui devrait pour le moins être jugée rassurante, dit Jefferies.
Côté recommandations, Kering (PA:PRTP) s'adjuge plus de 2% après que Deutsche Bank (DE:DBKGn) est passé à l'achat sur le titre.
A Londres, Man Group chute de 3% après que JP Morgan a abaissé sa recommandation de "surpondérer" à "neutre" sur le titre.
EN ASIE
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a fini en hausse de 2,15% mercredi, sa meilleure performance depuis début novembre, la détente sur le front commercial entre la Chine et les Etats-Unis ayant favorisé un regain d'appétit pour le risque.
L'indice des valeurs vedettes de Shanghai a terminé de son côté sur une hausse plus modeste, de 0,31%.
A WALL STREET
La Bourse de New York a terminé dans le désordre et avec de faibles écarts mardi, la menace brandie par le président américain d'un "shutdown" de l'administration l'ayant disputé à l'optimisme suscité par l'évolution des discussions commerciales sino-américaines.
Donald Trump a déclaré mardi qu'il serait ravi de bloquer le fonctionnement de l'administration fédérale américaine (shutdown) s'il n'obtenait pas du Congrès les crédits qu'il réclame pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, l'une de ses promesses de campagne.
TAUX
Les rendements des obligations italiennes ont baissé après une information de la presse italienne selon laquelle la Ligue serait tentée de convoquer des élections anticipées en mars. L'écart entre les taux à 10 ans italien et allemand (spread) a été ramené à 280 avant de retrouver son niveau de 285 affiché mardi soir, à la suite d'un démenti de Matteo Salvini.
De son côté, la dette souveraine française se stabilise après trois jours de ventes liées aux manifestations des "Gilets jaunes". Le rendement de l'OAT français à dix ans revient vers 0,70%, après avoir grimpé jusqu'à 0,756% la veille.
L'annonce d'une procédure de vote de défiance contre Theresa May a provoqué une hausse des "swaps" de défaut sur la dette à 5 ans britannique, qui ont grimpé de 40 points de base, à leur plus haut niveau depuis la vote pour le Brexit en juin 2016 selon les données de Markit.
CHANGES
Le dollar se maintient près d'un plus haut d'un mois face à un panier de devises de référence, soutenu par le rebond des rendements obligataires américains dans la perspective d'un nouveau relèvement des taux de la Réserve fédérale et par la faiblesse de la livre dans l'incertitude sur le Brexit.
De son côté, la livre sterling reprend du terrain, en hausse de 0,4% à 1,2535 dollar après avoir touché son plus bas niveau en 20 mois mardi.
"Le marché craint que May ne soit remplacée par un pro-Brexit, ce qui augmenterait le risque d'un scénario de sortie sans accord", dit Rodrigo Catril, responsable de la stratégie sur les marchés des changes chez NAB.
"A la base, il y a une grande incertitude sur les chances de survie de Theresa May à la tête du gouvernement et sur les perspectives d'élections générales, de nouveau référendum ou de Brexit dur."
PÉTROLE
Les cours du pétrole progressent de plus de 1%, portés comme la veille par la hausse des places boursières et l'accord Opep+ d'une baisse de 1,2 million de barils par jour de la production, annoncé la semaine dernière.
Le Brent, qui a repassé le seuil des 60 dollars le baril mardi, se rapproche des 61 dollars dans les premiers échanges en Europe, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) remonte au-dessus de 52 dollars.
Les intervenants attendent aussi le rapport mensuel de l'Opep.
(Édité par Blandine Hénault)