Il est de coutume et d’habitude de craindre les rumeurs sur les marchés financiers ; surtout quand elles remuent des dossiers explosifs comme peuvent l’être le potentiel Grexit ou les projections économiques américaines. Deux sujets qui se retrouvent depuis moins de quarante-huit heures au centre des attentions boursières et qui traduisent une peur sempiternelle des deux côtés de l’Atlantique : celle d’un recul. Recul de la croissance et de l’inflation par rapport aux précédentes projections aux Etats-Unis, recul de la construction européenne via une sortie de la Grèce au sein de la zone euro. Décryptage d’un double levier pour cette fin de semaine.
L’indice allemand (le DAX30) constitue un excellent manomètre pour mesurer la pression baissière ; réaction directe des peurs soulevées depuis mercredi, 20h00. Heure à laquelle fut publié le Livre Beige de la Banque centrale américaine et qui traduit une croissance nationale « légère » du fait d’une « faible » activité manufacturière. Il n’en fallait pas plus pour entamer le début de la tendance baissière que traverse l’indice allemand, au même titre que ses autres homologues occidentaux. Mais le coup de grâce qui nous a permis d’assurer une bonne séance de Live Trading hier, en public à Lille, fut donné par l’un des acteurs majeurs en Europe : Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances. Et principal négociateur du dossier grec. Détail qui a toute son importance ici.
Aussi médiatique qu’influent, l’intéressé a déclaré hier que la zone euro pourrait supporter un défaut de paiement, littéralement une faillite, de la Grèce. Chaque mot est pesé par ce type de responsables et nous sortons ici du simple cadre de la rumeur. Rares seront les surpris par le contenu-même du verbe, mais nombreux le seront pas la qualité et le rôle de l’auteur. Non seulement Schäuble envisage publiquement cette option, mais le propos se veut encore plus clair : l’information serait « déjà intégrée par les opérateurs boursiers et aucun signe de contagion aux autres emprunteurs souverains de la zone euro n’est perceptible ». Double tacle, double peine. Mais ce n’est pas tout ! Schäuble anticipe de facto un échec de la prochaine réunion de l’Eurogroupe qui se tiendra vendredi prochain, le 24 avril. L’échéance est pourtant capitale.
La capitale lettone, Riga, recevra en effet les principaux acteurs du dossier grec pour qu’Athènes reçoive en urgence 7,2 milliards d’euros d’aide suspendus depuis l’été 2014. Des fonds qui visiblement ne seront pas versés, faute d’accord, selon Schäuble. De quoi officiellement justifier le propos quant à un Grexit de plus en plus assumé. Précisons, en parallèle, que le FMI s’est montré clair : aucun report de paiement ne sera toléré pour la Grèce face au milliard d’euros que le pays devra verser en mai prochain, sous la forme de deux transactions distinctes. Le combat « Troïka / Grèce » est donc loin d’être terminé. Maintenant que le contexte est planté, un seul sujet monopolisera notre attention aujourd’hui : est-ce que le support/pivot des 12 000 points sur le DAX rompra ? Qu’importe, car nous adopterons la même ligne de conduite qu’hier après-midi durant notre séance quotidienne. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France