Standard & Poor’s pourrait bien relever la note d’ArcelorMittal (AS:ISPA) à moyen terme, comme le laisse supposer sa décision de changer la perspective de la note de crédit du groupe sidérurgique.
En effet, si Standard & Poor’s vient de confirmer le rating spéculatif d’ArcelorMittal à « BB- », celui est désormais assorti d’une perspective positive, contre négative précédemment.
En d’autres termes, le scénario d’un possible abaissement de la note ces prochains mois a fait place à un possible relèvement. L’agence justifie cette décision par sa vision plus optimiste pour le marché de l’acier, conjuguée aux efforts menés par l’entreprise pour réduire sa dette.
Coupon step-up
Un relèvement du rating ne serait pas sans conséquence pour certains créanciers d’ArcelorMittal, puisque l’entreprise a émis des obligations assorties d’un coupon « step-up », c'est-à-dire dont le montant peut être revu lors de certains changements de notation.
Généralement, on trouve cette clause de renchérissement du coupon dans le cadre d’émissions réalisées par des émetteurs dont les ratings se situent à un ou deux crans de la catégorie spéculative. Cette clause constitue en quelque sorte une prime d’encouragement pour les investisseurs qui hésiteraient à prêter leur argent à un émetteur pouvant basculer dans la catégorie spéculative.
Pour preuve, les obligations ayant été émises après qu'ArcelorMittal ait été dégradé dans la catégorie spéculative ne sont pas assorties d'un coupon step-up.
L'emprunt ArcelorMittal arrivant à échéance en mars 2041 contient, lui, une clause liant le niveau du coupon à l'évolution du rating. Cette obligation a été émise en 2011 avec un coupon de 6,75%. Son rating se situait à l’époque à « Baa3 » chez Moody’s et « BBB » chez Standard & Poor’s, à chaque fois dans le bas de la catégorie investissement.
Mais depuis lors, les deux agences de notation ont revu à la baisse leur avis sur le sidérurgiste, qu’elles ont relégué au rang d’émetteur spéculatif.
Or, le prospectus d'émission stipule que si la dette d’ArcelorMittal passe dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor’s et/ou Moody’s, le coupon sera augmenté de 25 points de base (0,25%). Ensuite, il sera incrémenté de 0,25% à chaque fois que le rating diminue d’un cran supplémentaire chez l’une et/ou l’autre des deux agences.
Un raisonnement similaire s'applique dans le sens inverse. Un relèvement du rating d'ArcelorMittal doit donc se traduire par une baisse du coupon de l'emprunt. Celui-ci est actuellement de 7,75% tandis que le rating est à « BB » chez Standard & Poor's, dans la catégorie spéculative.
Négociable par coupure(s) de 2.000 dollars (risque de change), l’obligation peut être achetée à 103%, correspondant à un rendement de annuel de 7,45%. Précisons qu'elle cotait encore aux alentours de 105% du nominal début novembre.
Effet Trump et prévisions prudentes
Cette baisse peut s’expliquer par la nette progression des rendements à long terme observée aux États-Unis, en réaction à l’élection de Donald Trump. Le nouveau président, en promettant d’investir massivement dans les infrastructures, a alimenté les pressions inflationnistes et provoqué par ricochet cet ajustement à la hausse des taux d’emprunt.