Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Une fois n’est pas coutume, je vous propose un petit état des lieux du secteur bancaire, avec des informations qui me semblent révélatrices de l’environnement boursier dans lequel nous évoluons…
Commençons par le « carton rouge »infligé par la Fed à la filiale américaine de la Deutsche Bank (DE:DBKGn) (DE0005140008-DBK). Le verdict est tombé : elle a échoué aux « stress tests » !
En langage édulcoré et plus politiquement correct, si elle n’a pas satisfait à l’évaluation de la Fed, c’est « à cause de déficiences critiques et générales au niveau de ses pratiques pour planifier ses besoins en capital ».
En un mot : elle est recalée. La branche américaine de DB va donc être soumise à des contraintes spécifiques, dont l’obligation de suspendre tout plan de rachat d’actions et l’interdiction de verser des dividendes aux actionnaires.
▶ Deutsche Bank, la « bombe retardée »
Bon, ces contraintes me paraissent tout de même gentillettes, car je vois mal une banque en (grande) difficulté manœuvrer impunément pour doper le cours de son action en utilisant du cash pour racheter ses propres actions ou distribuer des dividendes, au lieu de s’occuper d’éponger ses foyers de perte et de contrôler ses processus opérationnels…
Le fait que la filiale américaine de la Deutsche Bank ait été prise par la patrouille est en soi une information intéressante, voire importante, mais pas franchement surprenante pour qui suit un tant soit peu l’actualité du monde bancaire.
Ce qui en revanche pourrait en étonner plus d’un (en tout cas votre humble serviteur), c’est la façon dont cette nouvelle nous est parvenue et le non-traitement médiatique qui s’en est suivi.
Je m’explique : à la suite du krach de 2008, les stress tests nous ont été vendus comme des exercices ayant pour objectif de s’assurer que le niveau de contrôle et de sécurité des banques qui y sont soumises est « adéquat »(comprendre : que la banque ne risque pas d’exploser en vol avec vos actifs). Et donc comme des évaluations destinées à rassurer sur la solidité du système financier.
Sauf qu’en fait il semblerait que ce soit surtout un exercice qui vise en premier lieu… à rassurer tout court !
Pourquoi ? Tout simplement parce que selon CNBC et le Wall Street Journal, cela fait un an que la filiale de la Deutsche Bank aurait pu – ou dû – être officiellement recalée. Or, la Fed a pris la décision lourde de ne pas rendre l’information publique.
Pour la transparence, qui comme chacun sait constitue l’une des pierres angulaires qui régissent nos marchés financiers, on repassera…
Mais ce n’est pas tout !
Si Deutsche Bank – encore très chahutée en Bourse – a pris un carton rouge, Morgan Stanley (NYSE:MS) et Goldman Sachs (NYSE:GS) ont quant à elles écopé d’un carton jaune.
▶ Les magouilles de la Fed pour Morgan Stanley et Goldman Sachs
Et encore, si elles n’ont pas reçu de carton rouge, c’est parce que comme le Wall Street Journal l’affirme sans détour, elles ont bénéficié « d’un petit coup de main de la Fed ».
A en croire le quotidien, ces deux banques auraient en effet dû échouer elles aussi à certains des critères des stress tests et connaître ainsi le même sort que la filiale américaine de Deutsche Bank.
Sauf que pour l’occasion, la Fed a lâché du lest, proposant notamment à Morgan Stanley et Goldman Sachs de diminuer de presque moitié les 16 Mds$ de dividendes qu’elles avaient prévu de verser aux actionnaires !
Voilà donc pour le tableau que nous offre l’actualité des marchés financiers et plus précisément des agissements de la Réserve fédérale.
Pour finir, observez le top 10 des plus grosses banques d’investissement de la planète :
Trois d’entre elles, celles dont je vous ai parlé aujourd’hui, sont cerclées en rouge.
Trois sur dix, c’est-à-dire presque un tiers. Officiellement du moins, car on ne peut pas ou plus exclure que la Fed considère que toute vérité n’est pas bonne à dire…
En ce qui nous concerne, avec Philippe Béchade, dans sa lettre, non seulement nous démontrons ce qu’il se passe vraiment sous le politiquement correct des communiqués financiers, mais en plus nous prenons position pour en profiter ! Ainsi, nous avons pris un pari baissier sur le secteur bancaire… car nous avons analysé depuis plusieurs semaines que le secteur ne sentait pas bon du tout… Nous attendons juste la petite étincelle. Rejoignez-nous vite pour faire les bons choix d’investissements.
Bonne séance à tous,
Gilles