Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Ce fut l’une des mauvaises surprises de la saison des résultats trimestriels. L’action Publicis (PA:PUBP) a cédé près de 15% le 11 octobre dernier à la suite d’un avertissement sur résultats. Ce jour-là, le géant français de la publicité a fait savoir qu’il anticipait une croissance organique stable sur l’exercice, contre une hausse de 2,5% annoncée auparavant.
De quoi déclencher la colère des investisseurs, sans pitié ces dernières semaines contre les sociétés qui manquent le coche, par-delà la confirmation de l’objectif d’un taux de marge opérationnelle de 17,3 % au 31 décembre. D’autant que Publicis (PA:PUBP) n’était pas à son coup d’essai, ayant déjà émis un « warning » en juillet…
Résultat des courses : le titre accuse une baisse de près de 20% depuis le début de l’année, ce qui fait de lui l’un des plus mauvais élèves du CAC40 en 2019 avec ArcelorMittal (AS:MT), dont l’action a quant à elle décroché de 21% à compter du 1er janvier.

Réduction des budgets des annonceurs, notamment dans les produits de grande consommation et la distribution, difficultés de Sapient, spécialiste américain du marketing et de la communication numériques racheté pour 3,7 Mds$ fin 2017, forte décroissance en Allemagne, mais aussi en Grande-Bretagne pour cause de Brexit : le groupe n’a pas été épargné par les mauvaises nouvelles.
D’une manière plus générale, comme je l’ai souvent rappelé à mes abonnés à La Lettre PEA et à Mes Valeurs de Croissance, le secteur est en plein bouleversement sur le plan structurel. A en croire une récente étude que je trouve particulièrement révélatrice, Google (NASDAQ:GOOGL) et Facebook (NASDAQ:FB) viennent même de dépasser les 75% de parts de marché dans la publicité française en ligne !
Pas d’amélioration à attendre ces prochains mois
La concurrence est énorme pour Publicis (PA:PUBP), également confronté à l’émergence de nouvelles méthodes de communication. Dans ce contexte, l’univers « classique » de la publicité se doit de se réinventer, sous peine de disparaître purement et simplement.
D’aucuns se demandent toutefois si le groupe d’Arthur Sadoun a les moyens de demeurer indépendant pour aborder ce tournant stratégique capital, sachant que son flottant dépasse les 80%. D’où des interrogations et autres spéculations régulières quant à un rachat, une hypothèse déjà évoquée dans ces colonnes par mon confrère Mathieu Lebrun…
Les déboires boursiers de Publicis (PA:PUBP) ont en tout cas ramené sa valorisation sur des niveaux de 9 Mds€, ce qui pourrait finir par éveiller l’intérêt de prédateurs, des fonds voire des acteurs du monde informatique désireux d’étoffer leur offre numérique.
Le titre n’est pas cher du tout avec par exemple un PER de 7 ou encore une VE/Ebitda de 6. Certes, il en va de même pour de nombreuses valeurs qui n’ont pas ce profil « growth » qui plaît tant aux gérants actuellement, mais dans le cas particulier de Publicis (PA:PUBP), on peut s’attendre à ce que l’action demeure sous pression dans la mesure où il n’y a pas d’éclaircies à attendre sur les six prochains mois.
Je vous invite néanmoins à surveiller attentivement les franchissements de seuils. Je ne serais en effet guère surpris qu’un investisseur s’invite au capital dans les prochaines semaines…