Est-ce le calme avant la tempête ? Il y a assez peu de volatilité sur les principaux actifs en ce moment et pas de convictions fortes du côté des investisseurs, comme le montre l’évolution récente du CAC 40. Toutefois, je suis frappé par le pessimisme ambiant, comme si les investisseurs avaient déjà intégré l’inéluctabilité d’une nouvelle crise. Depuis le début de l’année, tous les clients que je rencontre m’interrogent sur l’opportunité d’investir sur l’or afin de se protéger contre le risque de Brexit et, également, contre le ralentissement économique à l’œuvre outre-Atlantique. Les deux autres problématiques qui sont sur les radars sont déjà connues : la déflation en zone euro et l’état réel du secteur bancaire européen. Les investisseurs ne jurent que par les valeurs refuge. Force est de constater que les fondamentaux leur donnent partiellement raison : il y a bien une reprise de l’activité mondiale depuis le début de l’année, ce qui est perceptible en particulier au niveau du sursaut du commerce international et du Baltic Dry index, mais cette reprise est extrêmement dépendante de la santé de l’économie américaine. Le mois de juin sera une étape cruciale pour les marchés car il regroupe sur quelques semaines une accumulation de facteurs anxiogènes : le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, la perspective d’élections en Espagne, la réunion de la FED et de possibles nouvelles mesures de la part de la Chine afin de limiter le ralentissement de son économie. A coup sûr, le mois de juin marquera le réveil de la volatilité.
Les derniers faits marquants :
A propos du référendum britannique, un sondage de TNS montre à quel point les deux camps sont au coude-à-coude. Les partisans du Brexit recueillent 41% des suffrages contre 38% pour les opposants. Rien n’est encore joué.
Intéressante interview de Jens Weidmann, chef de la banque centrale allemande, dans Die Welt. Il est notamment revenu sur le surplus du compte courant en Allemagne qui atteint environ 8,5% du PIB. Il a reconnu que c’est un niveau trop élevé sur le long terme, « ça ne fait aucun doute ». Pour autant, le pays ne semble encore pas disposé à lancer une politique de relance, qui serait seule en mesure d’accompagner la politique monétaire expansionniste de la BCE et de permettre à la croissance de s’étoffer.
La Pologne a évité une baisse de sa notation par Moody’s, mais celle-ci est désormais sous perspective négative. Notre scénario de base repose sur une baisse du taux directeur au cours du deuxième semestre 2016 afin de contrer le ralentissement de l’économie et la décélération de la croissance des salaires. Un tel mouvement accentuerait le repli du zloty polonais qui affiche la pire performance parmi les monnaies émergentes depuis le mois d’avril. Notre cible pour l’EURPLN se situe à 4,45.
A suivre aujourd'hui :
Principal facteur d’évolution des marchés aujourd’hui : la publication du compte-rendu de la dernière réunion du FOMC. Il ne devrait pas réserver beaucoup de surprises, on sait que la banque centrale américaine avance à tâtons en ce qui concerne une nouvelle hausse des taux. Le ralentissement de l’économie américaine est clairement à l’œuvre. La question en suspens n’est pas de savoir si la FED augmentera ses taux en juin, car elle ne le fera certainement pas, mais plutôt de savoir quand elle va commencer à laisser la porte ouverte…à une baisse des taux !
Plusieurs statistiques sur le front européen, dont l’IPC pour la zone euro en avril et le taux de chômage au Royaume-Uni. Ces chiffres n’auront qu’un impact marginal sur le marché en intraday.