L’assouplissement du calendrier régissant l’effort budgétaire, proposé par la Commission européenne et entériné par les chefs d’Etat et de gouvernement, s’inscrit dans le changement de focale opéré depuis plusieurs mois en Europe. Au début de la crise des dettes souveraines, l’austérité budgétaire était vue comme un remède à la fois nécessaire et suffisant pour en sortir. Mais elle achoppe désormais sur un rejet populaire grandissant au Sud (« consolidation fatigue ») et son relatif échec à réduire les déficits publics, certes divisés par deux en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, où moins d’efforts (mais plus de croissance) ont été produits (graphique).
Dorénavant, la discipline porte moins sur la réalisation des 3% que sur la mise en œuvre des réformes de structure. La France, le Portugal, l’Espagne se voient octroyer des délais supplémentaires. L’Espagne pourrait avoir jusqu’en 2015 pour atteindre 3%, mais elle devra dès maintenant réformer son système de retraites, approfondir la refonte du marché du travail et ouvrir davantage à la concurrence le secteur des services aux entreprises. La France, qui discute d’une désindexation temporaire des régimes complémentaires de retraite, suit le même chemin.