Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les marchés se sont réjouis un peu trop vite de la démission forcée de Giuseppe Conte, tout juste nommé président du Conseil.
Les opérateurs ont salué dans un premier temps la disparition du risque de mise en œuvre d’un programme économique anti-austérité, puis la nomination imminente (c’est officiel depuis ce midi) de Carlo Cottarelli, un défenseur de la politique imposée par Bruxelles à l’Italie.
Explosion des taux obligataires italiens
Les taux courts (2 ans) se sont détendus à l’ouverture en perdant 25 points, vers 0,28%, avant d’exploser de 68 points vers 0,95%, au plus haut depuis début mai 2014. Pas mieux du côté du BTP 10 ans, qui en l’espace de six heures a pris 0,3 point, de 2,36 à 2,66%. Il s’agit d’un plus haut depuis octobre 2014, et d’une augmentation de 100 points depuis le 4 mai dernier. Le marché obligataire n’avait pas connu de pire séance depuis juin 2013. Alors qu’en Bourse, le Footsie MIB est passé de +1 à -2%.
Les traités européens au-dessus des scrutins
Le président français Emmanuel Macron a félicité son homologue italien Sergio Mattarella pour son « courage », lequel consiste à « défendre la démocratie ».
Ces propos clarifient la position de la France : elle se range à l’avis de Jean-Claude Juncker, selon lequel il ne peut y avoir de contestation « démocratique » ni de remise en cause du mode de fonctionnement de l’Europe, cristallisé par des traités (Nice, Lisbonne) sur lesquels les peuples concernés n’ont jamais pu se prononcer.
George Orwell n’aurait pas su mieux dire : « la dictature, c’est la liberté, bafouer le peuple, c’est la démocratie ».
C’est limpide pour les marchés… mais les voilà saisis d’un doute déconcertant.