Les récents résultats commerciaux publiés par Sprint sont rassurants, mais les créanciers obligataires restent suspendus aux décisions des régulateurs américains sur la fusion entre l’opérateur télécom et son concurrent T-Mobile.
Sprint a enregistré 309.000 abonnés supplémentaires « postpaid » (avec facture) au quatrième trimestre 2018, soit une croissance de 53.000 unités sur un an. C’est aussi le sixième trimestre consécutif de gain net et le dixième dans la seule activité « business », selon le communiqué diffusé par l’entreprise.
Ces nouveaux abonnés expliquent la hausse (en rythme annuel) du chiffre d’affaires de l’activité mobile, pour le deuxième trimestre consécutif. Dans le détail, la seule activité « postpaid » réalise la première hausse de son chiffre d’affaires depuis cinq ans tandis que les activités « prepaid » affichent leur cinquième trimestre consécutif de progression du chiffre d’affaires.
Mais l’opérateur télécom a gagné ces clients au prix de promotions continues, ce qui a pesé sur le revenu moyen mensuel par utilisateur. Ajoutées aux dépenses d’investissement (maintenance et développement du réseau, par exemple), elles ont pesé sur la génération de trésorerie de l’entreprise : le cash-flow libre a plongé à -908 millions de dollars fin décembre, contre 397 millions un an avant.
Sprint a clôturé le dernier trimestre 2018, qui correspond au troisième trimestre de son exercice fiscal décalé 2018, avec une perte de 141 millions de dollars, contre un bénéfice de 7,2 milliards un an avant. Ce dernier incluait toutefois un élément exceptionnel positif de 7,1 milliards de dollars liés à la réforme fiscale.
La croissance du nombre d’abonnés (309.000) est supérieure aux estimations des analystes (159.000 attendus) explique l’agence Bloomberg sur son site internet ce qui, partant, rassure les investisseurs sur la capacité commerciale de l’entreprise à survivre, si le quatrième opérateur télécom américain, qui se débat dans un marché américain saturé, devait échouer dans sa fusion avec T-Mobile.
Feu vert des autorités US
Le projet de fusion entre Sprint, détenu par le japonais Softbank (T:9984), et T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom (DE:DTEGn), a déjà reçu un premier feu américain le 17 décembre, celui du Comité sur les investissements étrangers (CFIUS), un organisme chargé d’examiner les éventuels problèmes de sécurité nationale.
Au-delà des problèmes de concurrence, le rapprochement entre les deux opérateurs suscite la méfiance outre-Atlantique, car le groupe télécom chinois Huawei, bête noire des États-Unis et de Donald Trump, a des liens avec Sprint et T-Mobile, explique l’hebdomadaire économique et financier français La Tribune.
Le deal de 26,5 milliards, qui devrait être bouclé au premier semestre, doit encore recevoir l’approbation de la Commission fédérale des communications (FCC) et de la division antitrust du département de la Justice des États-Unis (DoJ).
Ceci explique sans doute la quasi-absence de réaction des créanciers obligataires aux chiffres trimestriels de Sprint, lesquels préfèrent attendre d’en savoir plus sur la fusion.
Ainsi, l’obligation Sprint Communications échéant en novembre 2022 est restée relativement stable sur le marché secondaire. Accessible par coupures de 2.000 dollars (risque de change) et rémunérée par un coupon de 6%, elle s’échange sur le marché secondaire à 101,36% du nominal, ce qui permet de tabler sur un rendement de 5,61%. Une rémunération élevée, qui s’explique par le rating particulièrement spéculatif B est associé à cet emprunt par l’agence de notation Standard & Poor’s. A noter que l'agence avait mis ce rating sous surveillance positive en avril 2018.