Cela aurait pu être pire, bien pire même ! En regardant la trajectoire boursière de Maurel et Prom, un observateur (peu au fait des détails de la marche de l’entreprise et ne se fiant qu’à la configuration graphique, apparentée à celle du junior du pétrole de schistes aux Etats-Unis) ne peut que conclure à un risque de faillite imminente du groupe.
Maurel et Prom… victime du syndrome de la « queue qui remue le chien ».
C’est la magie des ventes à découvert et de l’analyse technique transformée en algorithmes ! Les robots-traders déduisent de la courbe une catastrophe imminente et précipitent le titre vers des niveaux où plus aucun actionnaire raisonnable n’oserait se risquer.
C’est le fameux principe de la « queue qui remue le chien » (ou du « qui veut tuer son chien prétend qu’il a la rage »). Les investisseurs déduisent du graphique que tout va mal et que l’entreprise est victime de pertes irréversibles (y compris si ses comptes ne sont même pas dans le rouge). Cette déduction est plus rapide que d’effectuer un travail basique d’analyste pour des conclusions moins sombres.
Maurel et Prom est naturellement victime de la forte chute des prix du pétrole (-50% environ en 2015) et de certains problèmes de transport de sa production via pipeline qui ne sont pas de son fait (le groupe n’a pu vendre pour cette raison que 5,8 Mns de barils en 2015, soit -16% par rapport à 2014).
Le résultat opérationnel courant a logiquement fondu de 265 Mns€ à 9 Mns€ (cependant positif, contrairement aux exploitants de shale oil dont le profil graphique est identique) tandis que le chiffre d’affaires se retrouve divisé par 2 à 275 Mns€.
La récente absorption de son ancienne filiale nigériane MPI génère une perte nette de 95 Mns€ (contre un bénéfice net de 13 Mns€ en 2014), mais lui permet de récupérer une solide trésorerie.
Elle lui permettra de supporter les 256 Mns€ de dépréciations d’actifs dans ses activités « exploration et forage ».
Le groupe anticipe pour 2016 une remontée de sa production de 17.100 barils/jour à 28.000 barils/jour en 2016, tout en poursuivant l’effort de réduction de ses coûts.
Aucune catastrophe imminente ne semble poindre à l’horizon si l’on s’en tient au bilan actuel tandis qu’une nette remontée du chiffre d’affaires se profile d’ici fin 2016. Sans oublier l’activité gaz qui vient juste de démarrer.
Mais cela ne reste qu’une prévision et ne saurait suffire à motiver un « achat fort »… En revanche, Maurel et Prom se juge bien placé pour participer à une concentration du secteur sur la zone Afrique équatoriale.
C’est un pari… où le risque maximum est qu’il ne se passe rien en terme de rapprochement.
S’agissant de l’activité extraction, elle reste profitable avec un baril à 35$ et les frais de prospection qui grèvent la rentabilité ont été réduits à la portion congrue : comment continuer de valoriser Maurel et Prom à un cours de faillite ? Car à 3€, ou à plus forte raison sous 3€, cela ne signifie pas autre chose.