Dans le cadre d’une bonne gestion d’un portefeuille obligataire, il est sain de diversifier ses positions, ce qui permet en principe de réduire le risque global, tout en maintenant un certain niveau de rendement. Cette diversification peut passer, éventuellement, par des obligations perpétuelles.
Comme leur nom l'indique, les obligations perpétuelles n'ont pas de date de maturité. En théorie, elles ne sont donc jamais remboursées. Mais en pratique ce n’est pas nécessairement le cas, puisque certaines émissions prévoient la possibilité pour l’émetteur de racheter les titres émis à des dates et à des conditions déterminées lors de l’émission. On dit alors de l'obligation qu’elle est "callable".
Risque élevé, sensibilité exacerbée
Ces obligations ont en outre le statut de dette subordonnée et sont donc assimilées à du capital hybride. À mi-chemin entre les actions et les obligations « classiques », ce statut induit par conséquent un risque plus important dans le chef de l’investisseur, notamment en cas de faillite de l’émetteur.
Pour compenser le risque plus élevé par rapport aux obligations traditionnelles, lié à la dimension perpétuelle ainsi qu’au caractère subordonné du titre, les obligations perpétuelles distribuent des coupons qui offrent des rendements généralement largement supérieurs aux rémunérations offertes par les obligations classiques.
Mais le risque se loge également au sein du coupon lui-même, qui peut être fixe ou variable et évoluer dès lors dans le temps. En cas de difficultés financières, l’émetteur peut également décider de réduire le coupon distribué ou encore de le supprimer.
Ces titres sont également exposés au risque de liquidité : pour récupérer son investissement à une date déterminée, le porteur du titre devra en effet passer par le marché secondaire obligataire.
Ces caractéristiques exacerbent la sensibilité de ces titres aux différents risques obligataires (risque de l'émetteur, de taux, d’inflation…) et induit une volatilité élevée des prix sur le marché secondaire. A telle enseigne que certains n’hésitent pas à assimiler les obligations perpétuelles à des actions.
Large choix sur le secondaire
Sur le marché secondaire, on retrouve un certain nombre d’obligations perpétuelles. Voici trois exemples:
=> Il y a notamment cette obligation à taux variable émise par Volkswagen (DE:VOWG_p) Financial Services, une filiale du constructeur allemand éponyme. Dans le cadre de cette émission, notée «BBB-» dans la catégorie « Investment grade » chez Standard & Poor’s, Volkswagen Financial Services NV s’est réservé le droit de rembourser son obligation pour la première fois en 2030. D’ici là, le coupon est de 3,5% fixe. Sur base d’un prix de 95,33% du nominal et d’un remboursement à cette date, son rendement s'élève à 3,98% par coupures de 1.000 euros. Si l’émetteur n’exerce pas son call en 2030, la rémunération deviendra variable, correspondant au taux swap en euro à 15 ans augmenté de 3,06%.
=> Noté « BB » dans la catégorie « High yied » chez S&P, la perpétuelle Cosan Overseas Ltd libellée en dollar offre un coupon fixe annuel de 8,25%, versé sur base trimestrielle. Le dernier paiement a eu lieu début août. Il y a moyen de l’acheter actuellement à 101% du nominal, correspondant à un rendement de 3,48% sur base d’un call exercé à 100% du nominal le 5 novembre prochain.
=> Enfin, l’obligation perpétuelle Suedzucker International Finance BV, une structure financière du sucrier allemand Suedzucker, peut être achetée à 100,08% du nominal. Son coupon correspond au taux Euribor à trois mois augmenté d’une prime de 3,10%. Il est actuellement de 2,819% jusqu’au 30 septembre 2017 (taux annuel). A cette date, l'émetteur dispose de la faculté de racheter son emprunt à 100% du nominal. S'il n'exerce pas ce droit, le coupon est recalculé sur base du taux Euribor à trois mois en vigueur à ce moment-là et augmenté toujours d’un bonus de 3,10%. Cette ligne obligataire se négocie par coupures de 1.000 euros et son rating se situe à « B+ », dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor's.