Alors que le taux belge à dix ans vient de toucher un plus bas historique (0,53%) et que les comptes d’épargne ne rapportent pour ainsi dire plus rien, certains investisseurs pourraient être tentés de revoir à la hausse leur exposition sur les obligations « High Yield » en euros.
Bref rappel des obligations à haut rendement
High Yield, spéculative, Junk Bond, … Derrière ces termes se cache une seule et même catégorie, celle des obligations à haut rendement. Si ces obligations offrent des rendements élevés, c’est parce qu’elles ont été placées par des émetteurs présentant un profil de risque important.
Ce profil de risque peut se traduire par un niveau d'endettement élevé, une petite taille bilantaire, un secteur d’activité, un modèle ou un contexte économique difficile. En parallèle, ces émetteurs présentent une capacité plus limitée à faire face au remboursement de leur dette. En contrepartie de leur niveau de risque, elles doivent donc offrir un rendement plus élevé pour convaincre les investisseurs de leur prêter de l'argent. Cela leur donne un caractère spéculatif incontestable.
Comment distinguer ce type d'émetteurs des autres ? Par le rating attribué à leur dette à long terme. Les émetteurs de la catégorie « High Yield » ont un rating égal ou inférieur à « BB+ » chez Standard & Poor’s et Fitch ou « Ba1 » chez Moody’s. Au-dessus de ces notes, se trouve la catégorie « Investissement Grade », c’est-à-dire celle des émetteurs jugés plus solides.
Les analystes favorables sur l'évolution du « High Yield » en euros
Confortés par la politique monétaire de la Banque centrale européenne et son programme de rachat d’actif, les analystes sont globalement optimistes sur l’évolution du marché « High Yield » cette année.
Certes, le programme de rachats d’actifs à hauteur de 1.000 milliards de la BCE concerne les obligations souveraines et ne se concentre pas sur le rachat de dettes spéculatives. Mais dans ce contexte où les rendements des obligations de bonne qualité (« Investment grade ») vont être tirés encore davantage vers le bas, les investisseurs du monde entier (fonds de pension, gestionnaires de fortunes, etc) vont devoir se tourner vers des actifs plus risqués pour assurer un minimum de rendement à leur clients.
Et aujourd’hui, s’assurer du rendement passe notamment par une exposition revue à la hausse sur les obligations « High Yield » européennes. Cela devrait soutenir le prix de ces obligations, tout en donnant une bouffée d’oxygène à ces entreprises qui devraient voir leur taux de financement diminuer.
Par ailleurs, les taux de défaut anticipés restent très faibles. L’agence de notation Moody's Investors Service prévoit par exemple pour ce segment de marché un taux de défaut à un an de l’ordre de 2,29% (contre une moyenne historique de 4,65%).
Parmi les risques qui pourraient menacer l’évolution « High Yield », les analystes pointent un éventuel retour à la récession dans la zone Euro, qui pourrait se traduire par une hausse des écarts de taux (spread) entre les obligations jugées sans risque comme le Bund allemand et les obligation « High Yield ». Les dernières données macro-économiques ne semblent toutefois pas prévoir un tel scénario. Une résurgence de la crise souveraine sera également à tenir à l’œil.
ArcelorMittal, Cemex, ThyssenKrupp, Picard…
Sur le marché primaire, l’année 2015 a bien démarré pour le segment de la dette « High Yield » libellée en euros. Les nouvelles émissions ont totalisé 7,3 milliards d’euros au mois de janvier, un montant supérieur de 400 millions à la somme record levée au même mois de l'année 2013.
ArcelorMittal (« Ba1 » chez Moody's) fut l’une des toutes premières entreprises à solliciter le marché cette année, offrant un coupon fixe de 3,125% pour sa nouvelle obligation à sept ans.
Altice, la maison mère de numéricable, a proposé pour sa part un coupon de 6,25% pour son emprunt à échéance 2025. Cette opération entrait dans le cadre du financement du rachat de Portugal Telecom. L'obligation est notée « B3 » chez Moody's.
Plus récemment, le conglomérat industriel allemand ThyssenKrupp, dont les activités vont de la sidérurgie à la logistique en passant par les ascenseurs et la maintenance industrielle, a offert un coupon de 2,50% pour son nouvel emprunt (2,50% - 2025) par 1.000 euros.
Picard Surgelés (« B3 » chez Moody's) a également profité des conditions de financement avantageuses pour solliciter le marché à hauteur de 425 millions d’euros sur cinq ans (avec un coupon de 7,75%). Il a également augmenté de 345 millions l’encours de son emprunt existant à taux variable pour le porter à 825 millions d'euros.
Fin de la semaine passée, le cimentier mexicain Cemex (« B+ » chez Standard & Poor's) a proposé un coupon de 4,375% pour sa nouvelle obligation arrivant à échéance en 2023. La coupure est fixées à 100.000 euros.