Le géant américain du streaming Netflix (NASDAQ:NFLX) a assuré le spectacle cette semaine sur le marché primaire, son premier emprunt obligataire libellé en euro étant largement plébiscité par les investisseurs.
Laissant de côté leurs inquiétudes sur la consommation de trésorerie par l’entreprise ou sur la capacité de celle-ci à dégager suffisamment de revenus pour assurer le service de la dette, les investisseurs ont massivement rempli le carnet d’ordres, au-delà des 5 milliards d’euros, selon une partie prenante à l’opération citée par le Financial Times. Netflix en a profité pour lever 1,3 milliard d’euros contre 1 milliard visé initialement.
Achat de contenu
Les fonds serviront à financer les objectifs généraux de l’entreprise, comme l’achat de contenus ou la production de séries propres, a précisé la compagnie américaine. Elle compte dépenser 7 milliards de dollars cette année à cet égard, après en avoir déjà dépensé 6 l’année dernière.
‘Les sommes qu’ils dépensent sur le contenu augmentent et ils brûleront encore du cash ces prochaines années’, a déclaré l’analyste Mark Wade au Financial Times. Ces montants seront financés par endettement, a-t-il ajouté, précisant que Netflix devrait donc revenir à intervalles réguliers solliciter le marché de la dette.
La compagnie américaine, qui est en passe de franchir le cap symbolique des 100 millions d’utilisateurs, a déjà émis pour 3,4 milliards de dollars en obligations à haut rendement, rappelle le quotidien britannique. La nouvelle obligation (en euro) du spécialiste du streaming est ainsi notée « B1 » chez Moody’s et « B+ » chez Standard & Poor’s.
Malgré tout, les investisseurs n’ont pas exigé les clauses de protection (« covenants » dans le jargon) habituellement demandées à ce niveau de rating, comme celles empêchant l’entreprise de trop emprunter. A l’opposé, l’émetteur ne dispose d’aucun « call », cette faculté de rembourser par anticipation la dette à des conditions prédéfinies.
Potentiel d’appréciation
Le net engouement des investisseurs a permis à Netflix d’offrir un rendement à l’émission de 3,625%, inférieur à la fourchette initiale proposée de 3,75 à 4%. Il s’agit aussi de l'un des coupons les plus faibles de l’histoire de la compagnie américaine, selon le Financial Times.
Malgré tout, l’obligation garde un potentiel d’appréciation sur le marché secondaire, selon les analystes de CreditSights, cités par MarketWatch. En d’autres termes, les prix pourraient s’apprécier et les rendements baisser, estime la firme de recherche.
Mais il y a aussi le risque de voir un jour les obligations malmenées, avertit l’analyste Mark Wade, pointant l’intensification de la concurrence d’acteurs importants comme Amazon (NASDAQ:AMZN) et Google (NASDAQ:GOOGL).
En attendant, sur le marché secondaire, l’obligation Netflix (3,625% - 15/05/2027) est disponible à 101,40%, correspondant à un rendement de 3,46% par coupures de 100.000 euros en nominal.