Selon une enquête dévoilée ce matin par Reuters, la reprise économique au Japon devrait être particulièrement soutenue cette année pour ralentir par la suite. En effet, le Premier ministre Shinzo Abe a inscrit au sein de son programme économique un vaste plan de travaux publics alimentant actuellement une partie de la reprise nippone. De même, les pouvoirs publics japonais s’efforcent de soutenir la consommation des ménages.
Cette dernière risque néanmoins de s’affaiblir à l’occasion du prochain exercice fiscal car le gouvernement Abe est confronté à un endettement record au niveau mondial (plus de 245% du PIB du pays). Pour limiter ce dernier, une forte hausse de la TVA est annoncée avec pour conséquence directe une baisse attendue de la consommation des ménages. Dans le même temps, rappelons que la hausse des prix de détail ne devrait pas atteindre les objectifs de la Banque du Japon (ou « BoJ »).
La BoJ s’était en effet fixée pour objectif une inflation de 2% sous deux ans afin d’en finir avec plus de quinze années de déflation et de yo-yo économique. Le rapport publié par Reuters estime même à 60% la probabilité que la BoJ augmente ses rachats d’actifs d’ici la mi-2014 en vue de soutenir l’inflation nippone. Reuters s’attend à ce qu’une telle hausse des injections massives de liquidités de la BoJ porte sur un montant de 10.000 milliards de yens soit 77 milliards d’euros.
La politique monétaire de Shinzo Abe consiste depuis avril 2013 à augmenter massivement la masse monétaire de 60.000 à 70.000 milliards de yens par an soit de 462 à 539 milliards d’euros. Dans le même temps, la BoJ est entrée dans une importante politique de rachats d’actifs en consacrant un budget annuel de 50.000 milliards de yens (soit 385 milliards d’euros) aux achats d’obligations souveraines, mais également 30.000 milliards de yens (soit 231 milliards d’euros) dédiés à des fonds d’investissement immobilier et 1.000 milliards de yens (soit 7,7 milliards d’euros) à des ETF.
D’après l’enquête dévoilée par Reuters, les 21 économistes sondés entre le 13 et le 16 août derniers tablent en moyenne pour le Japon sur une croissance de 2,6% à l’occasion de l’exercice 2013/2014 qui prendra fin le 31 mars prochain. Pour l’exercice 2014/2015, le consensus ainsi formé s’attend à ce que la croissance ralentisse fortement pour tendre vers 0,6% suite à la forte hausse de la TVA qui devrait passer de 5% à 8% dans les prochains mois.
Dernière prévision de ce consensus, la croissance économique nippone devrait être de 1,1% durant l’exercice 2015/2016. Masayuki Kichikawa de Bank of America Merrill Lynch Securities a évoqué à ce sujet « La consommation et la dépense publiques seront les moteurs de la croissance en 2013, remplacées en 2014 par l’investissement et l’exportation […] Par ailleurs, il y aura des fluctuations en raison des taux de change et du chômage mais il est possible que l’inflation tourne autour de 1% ».
Reuters annonce que si l’on ne tient pas compte de la hausse attendue de la TVA, l’exercice 2014/2015 devrait enregistrer une inflation de 0,9%, à l’instar de l’exercice suivant. De son côté, la BoJ s’attend bien entendu à de meilleurs résultats avec des taux d’inflation respectivement de 1,3% et 1,9%. Ce rapport particulièrement complet de Reuters fait écho à l’annonce de la BoJ du jeudi 8 août. A cette occasion, elle avait annoncé maintenir sa politique monétaire inchangée.
Ce choix était justifié par l’appréciation de l’économie nippone. La BoJ avait alors annoncé vouloir se donner plus de temps pour juger l’impact de ses injections massives sur l’économie de l’archipel. Elle attend notamment que sa politique couplée à celle du gouvernement Abe encourage les entreprises à investir davantage dans le circuit économique local. Dans son communiqué, la BoJ avait alors martelé « L’économie japonaise entame une reprise modérée » sous-entendant que la politique commune avec le gouvernement Abe ne portait pas encore ses fruits. Du moins, pas autant qu’espéré …