La BCE va-t-elle abaisser ses taux ?

La séance tant attendue par les cambistes arrive à grands pas. Jeudi prochain nous saurons si la Banque centrale européenne (BCE) abaisse son principal taux d’intérêt à 0,5% pour stimuler l’économie de la zone euro. Les marchés sont dans une phase d’attente avant ce signal. Une légère majorité des analystes semblent s’accorder à dire que la BCE devrait réellement annoncer jeudi une telle baisse.

Jusqu’à présent, l’institution anticipe pour le second semestre 2013 une reprise économique au sein de la zone euro. Une telle annonce permettrait à coup sûr de rassurer les investisseurs, à court terme, mais ne garantit pas un réel rebond économique. La dernière réunion de politique monétaire de la BCE s’est tenue le 4 avril dernier. Depuis, les publications macroéconomiques de la zone euro sont particulièrement mauvaises.

Hier par exemple, la Commission européenne a publié l’indice du sentiment économique dans la zone euro. Ce dernier a atteint son plus bas niveau depuis le début de l’année, à 88,6 contre 90,1 le mois dernier. Le consensus tablait sur un résultat supérieur à celui publié, à 89,3. Depuis la réunion du 4 avril, les discours des responsables de la BCE en faveur d’une telle baisse se font de plus en plus entendre.

Parmi eux, Vitor Constancio, le vice-président de la BCE a évoqué à plusieurs reprises « les marges de manœuvres » encore disponibles pour relancer la dynamique économique. Reuters a publié la semaine dernière une enquête selon laquelle 43 économistes sur 76 interrogés prévoient une baisse du principal taux d’intérêt de la zone euro.

Selon les sondés, cette baisse porterait sur 25 points de base du taux de refinancement, soit un passage de 0,75% (le taux actuel) à 0,50%. Dans le même temps, la majeure partie des économistes interrogés s’attendent à ce que cette baisse, si elle a lieu, n’entraine que très peu de changements au sein de la zone euro. La réelle divergence entre les différentes enquêtes porte sur la date d’un tel abaissement.

Si la date du jeudi 2 mai semble parfois écartée, la baisse est toutefois jugée imminente. Richard Barwell, économiste chez RBS résume à juste titre la situation actuelle « La majorité des membres du conseil (de la BCE) en sont au point où ils se disent qu’ils ne peuvent pas continuer à ne rien faire. Ils pensent sûrement qu’une baisse des taux serait mieux que rien ».

Mais cette baisse des taux pourrait également être reportée de plusieurs semaines. En effet, la BCE peut décider de se donner quelques semaines de réflexion, et surtout attendre le calcul de nouveaux indicateurs. L’institution publiera notamment ses nouvelles prévisions économiques en juin. Jörg Asmussen, l’un des membres du directoire de la BCE, a évoqué à plusieurs reprises que, quelle que soit la date, l’impact réel serait très limité, notamment pour les entreprises et les consommateurs.

Le véritable gagnant d’une telle baisse serait le système bancaire de la zone euro qui détient plus de 870 milliards d’euros prêtés par les banques centrales. La baisse attendue entrainerait une diminution automatique de deux milliards d’euros par an des intérêts de ces emprunts. Mais au-delà de cet aspect pratique, c’est la politique de la BCE qui sera jugée via cette décision ainsi que sa volonté à épauler une zone euro au point mort.

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