Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Après avoir soupesé chaque terme et entendu Jerome Powell en conférence de presse à la suite de la réunion de la FED en milieu de semaine dernière, Wall Street a estimé que l’élément principal à en retenir était la suppression de l’adjectif « accommodant », accolé depuis 9 ans à la locution « biais monétaire ».
Les investisseurs en ont également déduit que les temps pourraient devenir plus difficiles pour les actions, sachant que les positions en « levier » et les achats de titres à crédit sont actuellement au zénith historique.
Paradoxalement, les marchés obligataires affichaient au même moment une réaction inverse, manifestant une forme de soulagement qui a pris la forme d’une nette détente des taux longs (-5 points de base à 3,045%).
Certes, Jerome Powell juge la croissance américaine solide et s’attend à une montée de l’inflation, mais celle-ci ne serait que « transitoire ». Le patron de la FED ne voit donc pas de raisons de réviser à la hausse son estimation du « taux neutre », laquelle se situerait à 3,25% selon les « dot.plot » (NDLR : la moyenne des anticipations, trimestre par trimestre, pour les 18 prochains mois) des membres de l’institution.
Surtout, cette dernière va continuer de réduire son « bilan », c’est-à-dire de revendre chaque mois des dizaines de milliards de dollars d’actifs obligataires tout en ne remplaçant pas ceux qui arrivent à expiration.
Pour ma part, je note surtout que la FED martèle que le principal danger peut provenir de la guerre commerciale. Une façon de se dédouaner en cas d’accident de marché : le responsable sera celui qui a créé cette situation conflictuelle entre les Etats-Unis et ses partenaires.
Donald Trump en a remis une couche contre la Chine
Les oreilles de Donald Trump ont dû siffler tout au long de la conférence de presse de Jerome Powell. Tout comme il a dû serrer les dents lors du discours d’Emmanuel Macron devant l’ONU, conclu par une diatribe enflammée (à la limite de l’exaltation) contre l’isolationnisme, le souverainisme et les inégalités. Très exactement tout ce que Donald Trump se dit très fier d’incarner.
Mais au-delà du duel à distance Trump/Macron, il y avait un absent de poids en la personne du numéro un chinois Xi Jinping, lui aussi apôtre du libre-échange et du multilatéralisme.
La rumeur voudrait qu’il ne se soit pas rendu à l’Assemblée générale de l’ONU pour éviter d’avoir à croiser le président américain, avec lequel la discussion eut été inévitable. De son côté, Donald Trump a fait savoir – et ce sera bien l’un des seuls dirigeants occidentaux à décliner l’invitation – qu’il ne participera pas au sommet de l’Asie-Pacifique en novembre.
Et de profiter de son allocution aux Nations unies pour accuser la Chine de s’immiscer dans les élections de mi-mandat, en visant par l’entremise de ses sanctions commerciales ciblées les Etats qui votent républicain.
Xi Jinping, dont Donald Trump s’est un temps vanté d’être l’ami, semble maintenant faire de l’affrontement commercial une affaire personnelle, et cela confirme qu’une confrontation de longue haleine se profile entre la Chine et les Etats-Unis.
A en croire Jack Ma, PDG d’Alibaba (NYSE:BABA), ce duel pour le leadership mondial pourrait même durer 20 ans !
Pour en savoir plus sur les enjeux, les forces en présence, les stratégies respectives et les retombées probables, ne manquez pas notre prochaine édition de Béchade Confidentiel à paraître la semaine prochaine.