L'économie chinoise se stabilise au premier trimestre (par Arnaud Masset)
La dernière série de statistiques chinoises nous paraît positive. Elle montre en effet que la deuxième économie mondiale en a encore sous le pied, avec une progression de 6.7% a/a au premier trimestre, contre 6.8% au T4 2015, conformément aux attentes du marché. La stabilisation intervient dans le sillage d'un rebond du secteur immobilier, où l'investissement total a atteint 1768 milliards CNY, ce qui correspond à une croissance réelle de 9.1% en glissement annuel.
Sur le front de l'inflation, l'indice des prix à la consommation a augmenté à 2.1% a/a au premier trimestre, après 1.5% au dernier trimestre 2015, les prix alimentaires continuant à croître à un rythme régulier. Toutefois, les prix à la production des produits industriels se sont contractés de 4.8% a/a, signe que le secteur manufacturier n'est pas encore tiré d'affaire.
Enfin la production industrielle a cru de 6.8% a/a en mars, contre 5.9% attendu. Sur le trimestre clos en mars, l'indice a augmenté de 5.8% a/a, contre 5.4% au trimestre précédent et une projection médiane de 5.5%.
Les données publiées par le Bureau national des Statistiques sont globalement encourageantes, en ce qu'elles laissent penser que l'économie chinoise s'adapte avec succès à la "nouvelle normalité". Nous pensons toutefois qu'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, car rien n'a vraiment changé. Il pourrait s'agir simplement d'une pause avant un nouvel ajustement à la baisse. La Chine fait toujours face à un endettement croissant dans le secteur des entreprises et à une surcapacité industrielle. La tendance positive de la pression inflationniste amoindrit la probabilité d'un assouplissement, notamment au vu des signes récents de stabilisation. La PBOC maintiendra donc son biais accommodant, mais nous doutons d'une nouvelle réduction des taux et/ou du ratio des réserves obligatoires. Le ralentissement en cours de la Chine pèsera encore sur l'économie mondiale et nous ne serions pas surpris de voir une correction de la plupart des monnaies matières premières, telles que l'aussie et le kiwi, dans les semaines à venir.
La production industrielle russe en jeu sur fond de baisse persistante des importations (par Yann Quelenn)
Les marchés s'attendent à un redressement de la production industrielle russe. Les données de mars sont anticipées à -1% a/a, en recul par rapport à février où elles ont rebondi à 1% a/a. L'an dernier, la production industrielle a baissé de 3.4% a/a et les importations se sont effondrées de 40%. On peut en conclure que l'économie intérieure n'a pas réussi à combler le vide laissé par la moindre quantité de produits occidentaux. En d'autres termes, des secteurs supplémentaires de l'économie sont en jeu. Sur le plan des fondamentaux, l'inflation massive et les prix bas des matières premières (malgré le récent rebond) continuent de peser sur le pays. Cela montre aussi que la dépendance de la Russie aux matières premières est plus importante que les marchés ne le pensaient.
Le rouble se renforce pourtant face au billet vert. Un dollar vaut un peu plus de 66 roubles. Le rebond actuel des cours pétroliers tire les valeurs russes à la hausse et le RUB poursuit sa progression. Enfin, la position accommodante de la Fed devrait profiter à la devise russe, qui nous semble appelée à continuer sa progression.
Les marchés émergents entrent dans un régime "Goldilocks" (par Peter Rosenstreich)
Les données encourageantes publiées par la Chine offrent une raison supplémentaire d'anticiper la poursuite du rebond des devises émergentes. Parmi les autres facteurs clés, citons l'opinion générale d'une trajectoire de taux faibles de la Réserve fédérale (conjuguée aux politiques monétaires accommodantes des autres banques centrales), le redressement des données économiques de nombreux pays émergents depuis le troisième trimestre 2015 et l'augmentation régulière des prix des matières premières. Il en est résulté une demande conséquente sur les marchés émergents, sur fond de quête de rendements élevés par les investisseurs et de poursuite d'amélioration des données macroéconomiques. La durabilité du rebond pourrait toutefois être remise en cause, car la reprise s'est en partie appuyée sur une embellie de l'économie intérieure due à un recul des monnaies. Les raisons fondamentales du redressement ont toujours posé question. Il est possible que dans un contexte de décélération mondiale, l'amélioration des données soit uniquement liée à la baisse de change. Une appréciation des monnaies pourrait donc faire dérailler la situation prometteuse actuelle.
Dans le présent environnement, nous restons optimistes sur le peso mexicain. L'affaiblissement de la conjoncture intérieure semble avoir touché un plancher depuis l'an passé. La semaine dernière, les données ont fait apparaître un recul de la production industrielle de 0.1% m/m supérieur aux attentes, avec une expansion positive dans le secteur manufacturier. La lecture laisse penser que la décélération a été de courte de durée et corrélée avec le pull-back US des PMI. Le Mexique s'oriente vers une croissance du PIB de 2.3% en 2016, la demande intérieure restant résiliente. La Banque du Mexique a attribué 239 milliards MXN (13.6 milliards USD) au gouvernement fédéral pour réduire la dette publique en raison de la baisse des revenus pétroliers. Ce geste devrait permettre de conserver la confiance des investisseurs après la dégradation par Moody des perspectives de la note de la dette souveraine du Mexique de stable à négative, du fait de l'affaiblissement de la croissance économique et de la fragilité des finances publiques. Cependant, la principale raison d'acheter le peso est la corrélation suivie entre le pétrole et la devise mexicaine. Bien que l'on ne s'attende pas à ce qu'un accord soit trouvé à Doha, les réductions régulières de la production mondiale et l'absence de dépenses d'équipement devraient permettre aux cours pétroliers de remonter. Notre vue selon laquelle l'offre pourrait rapidement augmenter avec la remontée des prix a été affectée par le fait que l'accès au crédit est devenu plus complexe. Les traders de l'USD/MXN devraient viser le support des 16.50.
AUD/USD - 0.7800 Is On Target.
EURUSD La paire EUR/USD consolide actuellement après la récente baisse. Cependant, la paire évolue toujours au sein d'une fourchette horizontale définie par la zone de support clé comprise entre 1,1144 (plus bas du 24/03/2016) et la résistance des 1,1465 (plus haut du 12/04/2016). Un support plus solide se situe à 1,1058 (plus bas du 16/03/2016). La paire devrait afficher un autre modèle d'évolution au sein d'un range. À plus long terme, la structure technique favorise un biais baissier aussi longtemps que la résistance des 1,1746 tiendra bon. Une résistance clé se situe à 1,1640 (plus bas du 11/11/2005). L'appréciation technique actuelle implique une hausse progressive.
GBPUSD La paire GBP/USD évolue au sein du canal baissier près du support horaire des 1,4006 (plus bas du 04/06/2016). Une résistance horaire est assurée par la barre des 1,4320 (plus haut du 04/04/2016). La paire devrait s'affaiblir davantage. La structure technique à court terme est négative et favorisera une accentuation de la baisse vers le support clé des 1,3503 (plus bas du 23/01/2009), tant que les cours restent au-dessous de la résistance des 1,5340/64 (plus bas du 04/11/2015, voir aussi la moyenne mobile quotidienne à 200 jours). Cependant, les conditions générales de survente et la récente reprise de l'intérêt acheteur ouvrent la voie à un rebond.
USDJPY La paire USD/JPY ne cesse d'inverser de tendance, mais elle n'a pas réussi à casser la résistance horaire des 109,90 (plus haut du 07/04/2016). Les pressions vendeuses à court terme baissent, mais elles existent toujours. Un support horaire peut se situer à 107,68 (plus bas du 07/04/2016). Elle devrait poursuivre sa progression. Nous privilégions un biais baissier à long terme. La paire vise le support des 105,23 (plus bas du 15/10/2014). Une hausse progressive vers la résistance majeure des 135,15 (plus haut du 01/02/2002) semble actuellement peu probable. La paire peut rencontrer un autre support clé à 105,23 (plus bas du 15/10/2014).
USDCHF La paire USD/CHF évolue sans tendance sans une volatilité importante. Un support horaire peut se situer à 0,9499 (plus bas du 04/12/2016). Une autre résistance se situe à 0,9688 (plus haut intrajournalier) et à 0,9788 (plus haut du 25/03/2016). La paire devrait enregistrer un autre mouvement de hausse, car les pressions vendeuses à court terme ne semblent pas fortes. À long terme, la paire affiche des sommets depuis mi-2015. Un support clé peut se situer à 0,8986 (plus bas du 30/01/2015). La structure technique favorise un biais haussier à long terme.