La crise politique au Venezuela pourrait donner un peu d’espoir aux créanciers du pays, puisqu’elle augmente la possibilité d’une solution pour un État actuellement en défaut partiel de paiement.
Le Venezuela traverse une grave crise politique, conséquence d’une situation économique catastrophique pour un pays étranglé par la chute des cours du pétrole et la mauvaise gestion, avec des conséquences dramatiques pour la population (pénurie alimentaire, inflation…).
Pour l’instant, l’attention est focalisée sur la confrontation entre le président vénézuélien en titre, Nicolas Maduro, et Juan Guaido, président autoproclamé par intérim et reconnu par un nombre croissant de capitales européennes, mais aussi par les États-Unis.
Washington a aussi pris ces derniers jours d’importantes sanctions contre la compagnie pétrolière étatique et au cœur de l’économie vénézuélienne, PVDSA. Guaido s’est vu accorder également le contrôle des actifs vénézuéliens parqués sur des comptes bancaires américains, avec un objectif au cœur de ces mesures : étrangler financièrement Nicolas Maduro et le forcer à abandonner son poste.
Mais au-delà du blocage actuel, la perspective d’un changement de gouvernement devrait rendre le sourire au plus pessimiste des créanciers obligataires, explique le Financial Times, puisqu’elle accroît la perspective d’une sortie de crise sur le front de la dette vénézuélienne.
Robert Koenigsberger, fan de Juan Guaido et spécialiste de la dette spéculative décotée (distressed debt) affirme avoir fait un « investissement substantiel » dans les obligations « en défaut » du Venezuela en novembre dernier, pariant sur le fait que le président Maduro serait finalement contraint de quitter ses fonctions. Aujourd’hui, il se dit optimiste : le pays peut exploiter ses vastes réserves de pétrole pour se redresser rapidement, et rétablir ses paiements aux créanciers et fournisseurs.
L’économiste Ricardo Hausmann, conseiller informel de Guaido a toutefois prévenu les créanciers de se préparer à une importante restructuration de dette, car le pays aura avant tout besoin de ses ressources pour aider la population, selon Bloomberg.
Pour Mark Weidemaier, professeur de droit à l’Université de Caroline du Nord, la restructuration de la dette du Venezuela sera compliquée, compte tenu de sa diversité et de son importance. Selon le FT, le pays a une dette d’environ 140 milliards de dollars, dont plus de 65 milliards détenus par des créanciers obligataires et 40 milliards dûs à la Chine.
Les obligations Petroleos de Venezuela, la compagnie pétrolière en faillite, ne sont plus cotées depuis fin janvier dernier comme le montre le graphique ci-dessous.