…C’est celui de banquier central. Il y a exactement un mois de cela, Mario Draghi dévoilait son bazooka monétaire renforcé qui devait permettre de restaurer la confiance des investisseurs et étoffer la croissance. Pari perdu. Les marchés sont hésitants, évoluant un jour dans le vert, le lendemain dans le rouge. Les investisseurs n’ont plus de convictions. Ce qui est certainement le plus inquiétant, c’est que les segments de marché que la BCE essaie d’aider affichent des contre-performances préoccupantes. Depuis le 10 mars, l’Ibex a chuté de près de 4,3%, le FTSE MIB de près de 5,6% et le Stoxx 600 de 9,3%. Même sur le front de la monnaie, c’est un échec. L’euro a progressé de quasiment 3% face à sa contrepartie américaine. On pourrait, à la décharge de Mario Draghi, souligner que le prix bas du pétrole n’a pas aidé. Depuis un mois, le Brent s’est affaissé de près de 7% accentuant les difficultés sectorielles pour les entreprises pétrolières et parapétrolières. Toutefois, ce n’est pas suffisant. Il devient de plus en plus évident que la capacité de la BCE à remplir son mandat est remise en question. Par conséquent, c’est sa crédibilité qui est en péril. Accentuer le programme actuel n’y changera rien, la cible d’inflation est encore trop éloignée et la reprise économique encore trop faible. Aujourd’hui, la seule solution est de recourir à l’helicopter money mais cette option ne semble pas encore fait l’unanimité au sein du Conseil des gouverneurs."
Les derniers faits marquants :
Pour preuve, Ewald Nowotny, membre de la BCE, a clairement estimé qu’il est hors de question pour la BCE de procéder de cette manière, considérant qu’il s’agit d’une option de politique budgétaire et non de politique monétaire. Sur le fond, il a clairement raison. La théorie de l’helicopter money s’inspire des politiques budgétaires mais la situation de la zone euro implique de sortir des chantiers battus et d’innover. Ce n’est, en soi, pas plus aberrant que de pratiquer des taux négatifs et d’entrainer les taux d’emprunt des Etats à des points bas historiques, relâchant au passage la pression à réformer pour les pays les moins vertueux.
Nouvelle intrusion gouvernementale dans la politique monétaire menée par la banque centrale turque. Hier, la lire turque s’est effondrée sur le marché à la suite de commentaires du ministre de l’Economie plaidant pour une baisse des taux « radicale ». La monnaie turque a régulièrement été chahutée sur les marchés depuis deux ans du fait de l’accentuation de l’emprise du pouvoir politique sur la politique monétaire. Confrontée à une économie en ralentissement et à un taux de chômage en hausse, le gouvernement souhaite baisser les taux pour relancer les exportations, mais au détriment de la stabilisation de l’inflation.
Toujours sur le terrain du forex, le zloty polonais a faiblement baissé hier dans la foulée du statu quo de politique monétaire, qui était largement attendu. Tout indique que l’économie polonaise va continuer de suivre une trajectoire positive en 2016 et en 2017. Dans ces conditions, aucune action de politique monétaire n’est nécessaire. A moins d’une dégradation imprévue de la situation, le taux principal devrait demeurer à son niveau actuel, soit 1,50%. La stabilité du zloty, à la fois face à l’euro et face au dollar US, est l’un des faits marquants majeurs du marché des changes ces dernières années.
À suivre aujourd’hui :
Un agenda économique encore dominé par les Etats-Unis aujourd’hui. La précédente statistique avait mis en lumière une baisse des revendications chômage à 270k contre 276k précédemment. A court terme, la tendance actuelle devrait perdurer. Toutefois, nous anticipons un ralentissement du marché du travail américain, en particulier à cause de la hausse des salaires qui pénalise les profits des entreprises. Par ricochet, cela pourrait diminuer le niveau de la croissance. Un sujet à suivre…
Bonne nouvelle attendue à propos du crédit à la consommation qui devrait augmenter de 14,9 milliards USD en février, par rapport à 10,53 milliards USD le mois précédent.