Avec une baisse supérieure à 20% depuis le 1er janvier, le réal brésilien est revenu à son niveau d'il y a 12 ans. Dernière mauvaise nouvelle en date pour la devise, la révision à la baisse par le gouvernement des prévisions d'excédent budgétaire primaire.
Mercredi dernier, le gouvernement dirigé par la présidente de centre-gauche Dilma Rousseff a en effet réduit à 0,15%, contre 1,1% précédemment, son objectif d'excédent budgétaire primaire pour l'année en cours, dans un contexte d’aggravation de la crise et de baisse des recettes fiscales.
La majorité qui affiche des records d’impopularité va en outre soumettre au Parlement de nouvelles économies budgétaires à hauteur de 8,6 milliards de réals (+/- 2,6 milliards de dollars) qui porteront le montant total des coupes cette année à 79 milliards de réais (24 milliards de dollars).
Certains analystes estiment que le Brésil, qui devrait être en récession cette année, ne renouera pas avec la croissance avant 2017.
Des prévisions qui font par ailleurs craindre un abaissement de la notation de la dette du pays. La semaine passée, Standard & Poor's a annoncé que la dette du Brésil risquait de passer en catégorie spéculative dans les 12 à 18 mois, si le résultat d'un certain nombre d'enquêtes pour corruption continuaient à entraver la croissance économique du pays et la mise en place de mesures d'austérité.
Depuis ces annonces, le réal a chuté de 8% face à l’euro touchant un plus bas depuis 2003. Selon Will Landers, gérant de portefeuille chez BlackRock, 'c'est le résultat d'années de mauvaises politiques budgétaires. Le Brésil en paie finalement le prix. Nous allons voir comment le gouvernement va réagir à cette décision'.
Des rendements supérieurs à 10% en réal brésiliens
Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts libellés en réal atteignent des sommets. Pour ne citer qu’un exemple, citons cette obligation de la Banque européenne d’investissement (BEI) au coupon de 10,50% et d’une maturité égale au 21 décembre 2017.
Elle est disponible ce mercredi à 99,40% du nominal, soit un rendement annuel jusqu'à l'échéance de 10,70%. La coupure de négociation s'élève à 5.000 réals (+/- 1.370 euros) pour une taille émise de 1,5 milliard.
Grâce à son statut d’émetteur supranational, la BEI bénéficie du meilleur rating possible (AAA) auprès des trois agences de notation que sont Fitch, Moody's et Standard & Poor's. Avec cette obligation, le risque est donc essentiellement reporté sur la devise d'émission.