Hausse contenue du nombre de chômeurs
Le marché du travail allemand résiste relativement bien au ralentissement de la croissance de l’activité. Le nombre de chômeurs a enregistré une huitième hausse consécutive en novembre (+5 000 m/m, après +19 000 m/m en octobre), mais il a progressé à un rythme moins marqué qu’au cours des mois précédents. Le taux de chômage, qui avait affiché en septembre dernier sa première hausse depuis plus de trois ans, reste, en outre, proche de ses plus bas niveaux depuis près de vingt ans (à 6,9% en novembre et octobre). En effet, les entreprises réduisent le nombre d’heures travaillées (-1,3% g.a. au T3 2012), mais elles continuent à créer des emplois ; 8 000 emplois avaient été détruits en septembre, mais 2 000 emplois ont été crées en octobre, et 14 000 au cours des trois derniers mois. Sur un an, l’emploi affiche ainsi une expansion de 0,7%.
L’emploi, qui réagit avec un retard aux cycles d’activité, devrait, toutefois, pâtir d’une conjoncture moins favorable en fin d’année. Le PIB, en hausse de 0,2% t/t au troisième trimestre, pourrait, en effet, légèrement se contracter, et ne renouer qu’avec une croissance modérée au cours des mois suivants. En effet, la demande étrangère hors zone euro (60% des exportations de marchandises) devrait soutenir l’activité, mais elle parviendra difficilement à compenser les effets de la récession dans de nombreux pays de la zone euro sur les exportations allemandes. En outre, les chefs d’entreprise continueront vraisemblablement à reporter certains de leurs investissements en raison des perspectives de croissance défavorables. De même, les entreprises hésiteront à embaucher. Selon la composante emploi du PMI composite, la contraction de l’emploi se serait d’ailleurs accentuée en novembre (à 48,1, après 49,4 en octobre) (cf. graphique 1).
Le taux de chômage ne devrait, néanmoins, que légèrement progresser. En effet, la population active, qui a davantage progressé que l’emploi au cours de ces derniers mois, croîtra vraisemblablement à un rythme moins marqué. L’immigration continuera vraisemblablement à combler le déficit démographique, mais le taux d’activité pourrait reculer (76,9% au T2 2012). En outre, les tensions sur le marché du travail, mesurées par le rapport entre le nombre de postes vacants et le nombre de chômeurs, restent relativement élevées (15,5% en novembre, après 15,6% en octobre (cf. graphique 2).
Soutien de la consommation à la croissance allemande
Selon l’enquête GfK de novembre, les ménages anticipent une évolution moins favorable de leurs revenus au cours des douze prochains mois en raison de la dégradation de la conjoncture économique. L’indicateur se maintient toutefois à un niveau élevé. En effet, les salariés continueront à bénéficier en 2013 des hausses de salaires négociées en début d’année. Ils pourront, en outre, compter sur un nouvel ralentissement de l’inflation (à 1,9% en novembre, après 2% en octobre) au cours des prochains mois. La progression des salaires (+2,7% g.a. au T2 2012) continuera à peser sur les marges des entreprises, mais celles-ci disposeront encore de peu de marges de manœuvre pour augmenter les prix en raison des perspectives défavorables de croissance. La suppression de certains frais médicaux en 2013 accentuera encore le repli de l’inflation.
Le faible niveau du taux de chômage et les gains de pouvoir d’achat soutiendront donc vraisemblablement les dépenses de consommation au cours des prochains mois. On peut, par ailleurs, s’attendre à une légère réduction du taux d’épargne compte tenu de la faible rémunération de l’épargne. Selon l’enquête GfK, l’opportunité d’effectuer des achats importants reste d’ailleurs élevée malgré une légère détérioration ce mois-ci.
Catherine STEPHAN