Bien que mise à mal par la crise sanitaire, Airbnb, la plateforme de location de logements de particulier à particulier, va faire son entrée à Wall Street ce jeudi. Sachant que le tourisme mondial est à l'arrêt, le timing de cet IPO peur paraître paradoxal, un signe supplémentaire de l’exubérance boursière ?
Signe de l’intérêt des investisseurs, dans des marchés où l'argent coule à flots, la plateforme a même décidé à l’approche de l’opération de relever sensiblement la fourchette du prix d'introduction (entre 56 et 60 dollars l’action), contre 44 à 50 dollars initialement annoncés.
Cette introduction en bourse, la plus attendue de l’année à New York, constitue à coup sûr l’étape ultime pour Airbnb, qui a bouleversé en quelques années à peine l’univers de l’hébergement dans le monde.
Elaborée par Brian Chesky et Joe Gebbia, avec le soutien d’Y Combinator, une société californienne de financement de startup, la plateforme fut créée dans l'idée de pallier le manque de chambres d’hôtels lors de certains grands événements américains. L’idée était de proposer un couchage et le petit déjeuner chez l’habitant.
Aujourd'hui, Airbnb, c’est plus de sept millions de logements proposés, ventilés dans 100.000 villes réparties dans 220 pays et régions du monde. Airbnb, c’est aussi 150 millions d’utilisateurs.
Privilégier la croissance aux bénéfices
On notera qu’en cas de succès, l'opération capitaliserait le groupe à 42 milliards de dollars, soit plus du double de sa valorisation privée. Pas mal pour une entreprise qui s'est montrée incapable de signer un exercice bénéficiaire depuis sa création.
Pour autant, on notera que le chiffre d’affaires d’Airbnb est en forte croissance, multiplié par cinq depuis 2015 à 4,8 milliards. En outre, l’incapacité du groupe à être dans le vert, sur fond d’une forte consommation de trésorerie liée aux investissements, n’est pas incompatible avec la réussite de l’action.
Et pour cause, à l’image d’Amazon à ses débuts ou d’autres sociétés technologiques comme Uber (NYSE:UBER), la firme privilégie dans un premier temps la hausse de ses parts de marché, avant de se concentrer, le moment venu, sur sa rentabilité.
On notera qu'Airbnb a naturellement pâtit de la crise sanitaire. Ses revenus au sortir des neuf premiers mois de l'année ont ainsi fondu de 32%, à 2,5 milliards de dollars. La plateforme a toutefois dégagé 219 millions de dollars de bénéfice net durant l’été, traditionnellement sa meilleure période.
Précisons que selon les données compilées par Bloomberg, les introductions en bourse ont déjà permis de lever 156 milliards de dollars cette année. Un record qui sera alimenté par Air Bed & Breakfast mais aussi par Doormash (numéro 1 de la livraison des courses et repas à domicile aux Etats-Unis) qui fait son entrée aujourd’hui-même à la bourse de New-York.