En cette semaine coupée par un long week-end, les marchés actions ont été globalement baissiers. Les craintes autour des dossiers grecs et espagnols ont une nouvelle fois été au cœur de toutes les attentions. Le referendum Irlandais sur l’adhésion au pacte budgétaire européen a également fait l’objet de vives spéculations. En outre, les mauvaises statistiques sur le marché de l’emploi américain ont pénalisé les indices.
En Europe, les investisseurs restent dans l’attente des prochaines élections législatives en Grèce prévues le 17 juin prochain. Pour rappel, ces élections seront déterminantes pour définir le maintien ou non du pays au sein de la zone euro. Les spécialistes ne savent toujours pas ce que couterait réellement une sortie du pays en termes d’impact et surtout de contagion. Les avis actuels se concentrent donc sur le fait que le maintien à tout prix de la Grèce dans l’union serait quoi qu’il en soit moins préjudiciable et moins cher qu’une sortie. L’enjeu est également de taille en Espagne où le sort des banques est plus que jamais menacé depuis que Bankia a annoncé un besoin de recapitalisation de plus de 20 milliards d’euros. La Commission européenne a appelé jeudi l'Espagne à lui "communiquer" le plan de sauvetage de Bankia, le plus cher de l'histoire du pays, afin de "dissiper au plus vite les incertitudes qui ébranlent la confiance des marchés. Ce matin, les investisseurs restent dans l’attente des résultats du référendum en Irlande. Selon l’AFP, « Le "oui" l'emporterait largement selon de premières estimations recueillies pendant le vote de jeudi ». Un "non" ne remettrait pas en cause la mise en œuvre du traité mais enverrait un signal très négatif, au moment où la zone euro se débat dans une crise sans précédent.
Ainsi, sur la semaine, le CAC40 perd 0.70%, le DAX30 recule de 3.28%, le Footsie baisse de 1.12% et l’Eurostoxx affiche une perte de 3.39%.
Les marchés américains ont terminé le mois de mai dans le rouge encaissant de fortes baisses en rythme mensuel. Ainsi, le Dow Jones a abandonné 6,2% (830 points), le Nasdaq des valeurs technologiques a lâché 7,30% (200 points) alors que l’indice élargi S&P 500 a glissé de 6,43% (99 points). Outre des statistiques économiques décevantes, les marchés américains ont été plombés par une recrudescence des incertitudes entourant la zone euro. Alors que la Grèce continue d’inquiéter les investisseurs, c’est maintenant au tour de l’Espagne de raviver des tensions sur fond de crise bancaire.
La situation de la péninsule ibérique s’est fortement dégradée ces dernières semaines avec un accroissement constant entre le taux à 10 ans espagnol et celui à 10 ans de l’Allemagne servant de référence. L’Espagne emprunte aujourd’hui à un taux proche des 7%. En parallèle, le volume des capitaux retirés du pays s’est accéléré pour atteindre un niveau record de 97 milliards d’euros sur le premier trimestre de l’année. Sur le mois de mars, un peu plus de 66 milliards d’euros ont quitté le pays à destination de comptes basés à l’étranger. Au niveau boursier, les investisseurs ont retiré 34 milliards d’euros d’actifs placés sur des actions ou des obligations. Signe de cette perte de confiance, la bourse de Madrid dévisse de plus de 29% depuis le début de l’année soit 2518 points de baisse.
Outre-Atlantique, les marchés ont globalement été déçus par les statistiques de l’emploi américain et de l’activité manufacturière. Selon le Département américain du Travail, les inscriptions au chômage sont ressorties à 383 000 contre 369 000 attendu par les analystes et un précédent à 373 000. Les créations d’emplois selon le cabinet privé ADP ont été au nombre de 133 000 contre un consensus de 145 000. Les investisseurs suivront attentivement le chiffre ce jour à 14h30 sur l’emploi américain et le taux de chômage. Au niveau de l’industrie manufacturière, le PMI de Chicago est ressorti décevant avec un recul marqué à 52,7 sur le mois de mai contre 56,7 de consensus et 56,2 sur le mois d’avril. Enfin, la croissance économique des États-Unis a ralenti plus que prévu sur le premier trimestre avec une révision à la baisse de 0,3 point du PIB par rapport à la première estimation publiée fin avril. La tendance actuelle sur les indices reste baissière tant que l’Europe n’arrive pas à mettre en place des solutions concrètes pour endiguer la crise de la dette. Les élections en Grèce du 17 juin prochain seront à surveiller étroitement tout comme la situation espagnole. Les prochaines mesures pour venir en aide à Bankia, quatrième banque du pays constitueront un tournant quant à la capacité de réaction des responsables politiques de la zone euro.
Enfin en Asie, les marchés ont été pénalisés par les mauvaises nouvelles européennes et par une macro-économie décevante en Chine. L’activité manufacturière chinoise a baissé à son rythme le plus lent depuis six mois en tombant à 50,4 points au mois de mai contre 53,3 le mois précédent. De plus, la Chine a refroidi l’optimisme des marchés puisqu’elle ne devrait pas stimuler son économie à grande échelle comme attendu. Les dirigeants chinois attendent un ralentissement de l’économie et vont continuer d’agir. Mais les marchés estiment que les mesures actuelles ne seront pas suffisantes. Au Japon, la forte revalorisation du yen sur la semaine a pénalisé les valeurs exportatrices. La dégradation récente de la dette du pays et l’augmentation de son taux de chômage sont également des facteurs inquiétant suivis par les places boursières. D’une manière générale, l’Asie est fortement exposée à la demande européenne et un effondrement de celle-ci serait catastrophique pour les entreprises. Les indices asiatiques sont donc à surveiller de près dans les prochaines semaines. Dans ce contexte, le Nikkei225 a perdu 1,74% et le Hang Seng 0,83% sur la semaine.
Forex :
Sur le marché des devises, la tendance est baissière cette semaine pour la monnaie unique plombée par une économie toujours morose au sein de la zone euro. Parmi les dossiers brûlants, la Grèce et l’Espagne qui ne parviennent pas à résoudre durablement leurs difficultés économiques. Une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro reste toujours probable pour beaucoup alors que le secteur bancaire espagnol montre également de son côté des signes inquiétants. Cette semaine, Madrid a annoncé un plan d’une aide financière pour Bankia, la quatrième banque espagnole du pays, preuve de la situation délicate du secteur bancaire du pays. Cette annonce a renforcé les craintes des investisseurs de voir l’Espagne incapable de remplir ses obligations financières. Le taux espagnol à 10 ans poursuivait sa hausse vendredi matin pour s’afficher proche des 6,59%. Autre pays qui voit ses taux atteindre des niveaux insupportables à moyen terme, l’Italie, pour lequel le taux de chômage a touché un nouveau plus haut sur le mois d’avril depuis début 2004 à 10,2%. Même tendance pour le taux de chômage global de la zone euro qui progresse pour atteindre un nouveau record sur le mois d’avril à 11%. Dans ce contexte, les investisseurs se réfugient vers des pays jugés moins risqués à l’image de l’Allemagne ou encore de la France pour lesquels les taux à 10 ans chutent à des plus bas historiques. Le taux allemand s’établissait proche des 1,165% ce matin tandis que celui de la France tombait à 2,280%. Les dernières statistiques pourtant en provenance de la France ressortaient moroses. L’activité dans l’industrie manufacturière dans le pays a reculé au mois de mai pour ressortir à 44,7 points contre 46,9 le mois précédent. Pour l’Espagne, l’indice tombe à 42 points tandis qu’en zone euro, l’indice PMI manufacturier chutait également pour tomber à plus bas depuis juin 2009 à 45,1.
Ce contexte économique instable profite aux valeurs refuges sur le marché des changes. Face au billet vert l’euro s’échange à des niveaux du début 2010 aux alentours des 1,2320 dollar tandis que la monnaie des dix-sept se négocie pour 96,35 yens face à la devise nippone. La monnaie unique parvient néanmoins à se redresser quelque peu face à la devise britannique sur la semaine pour se traiter vendredi à 0,8050£. Pour rappel, l’économie britannique reste également très fragile avec un Produit intérieur brut qui a perdu 0,3% sur le premier trimestre de l’année faisant retomber le pays en récession.
La santé économique américaine contribue également à renforcer les tensions sur les marchés avec la publication d’indicateurs qui ressortent en dessous des attentes. Le PIB annualisé des Etats-Unis atteint seulement 1,9% alors qu’il s’établissait à 2,2% le mois précédent. En outre, seulement 133 000 nouvelles créations d’emplois ont été recensées dans le secteur privé selon l’enquête ADP contre un consensus de 150 000. Parallèlement, les nouvelles demandes d’allocations-chômage ont pour leur part augmenté à 383 000 contre 370 000 attendu. Dans ce contexte, les investisseurs suivront de très près aujourd’hui le rapport sur l’emploi américain dévoilé en début d’après-midi à 14h30. Source également d’inquiétude, l’absence de réel moteur de la croissance mondiale. En effet, les pays émergents semblent de moins en moins aptes à jouer leur rôle de moteur de la croissance mondiale à l’image de la Chine pour qui l’activité manufacturière a baissé à son rythme le plus lent depuis six mois en tombant à 50,4 points au mois de mai contre 53,3 le mois précédent Le billet vert s’échange pour 78,18 yens contre la devise nippone tandis que de son côté la devise britannique se traitait pour 1,5313 dollar face au dollar américain.
Matières premières :
Au chapitre des matières premières, les métaux précieux ont réussi se maintenir malgré les fortes pressions baissières. La situation explosive au sein de la zone euro a eu pour conséquence une appréciation du billet vert qui a mécaniquement entrainé une baisse sur l’ensemble des matières premières. De plus, les choses ne semblent pas s’améliorer puisque la crise en Espagne est venue se rajouter la crise grecque. Le refus de la BCE de se prononcer sur le sauvetage de la banque espagnole Bankia a amené beaucoup de suspicion sur les marches. Le métal-jaune a décroché atteignant un plus bas en semaine à 1 532,20$ l’once. Cependant, l’or résiste convenablement et se stabilise autour des 1 550$ l’once en cette fin de semaine. L’argent-métal recule légèrement de 1,05% sur la semaine et se traite aux encablures des 27,43$ l’once.
De son côté, le pétrole chute brutalement cassant plusieurs supports majeurs. En rythme hebdomadaire, à New York, le Light Sweet Crude perd environ 6,80% à 84,86$ le baril et à Londres, le Brent de la mer du Nord, abandonne un peu plus de 6,79% à 99,71$ le baril. L’or noir enregistre une de ses pertes mensuelles les plus importantes depuis plus de trois ans. Les contrats future sur le pétrole perdent plus de 15% sur le seul mois de mai et sont en baisse de plus de 20% par rapport à leurs plus hauts niveaux de 2012. Les perspectives désastreuses sur la croissance économique en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine impactent fortement la demande de pétrole. Enfin, aux Etats-Unis les dernières publications macroéconomiques ont déçu et les investisseurs se montrent nerveux avant la publication du rapport sur l’emploi.