Les marchés soucieux après les propos de la FED

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Les marchés américains ont accueilli avec inquiétudes les propos tenus par le président de la Réserve fédérale américaine hier alors que le taux directeur de la Banque centrale a été inchangé sans surprise. Les investisseurs ont surtout retenu la possibilité de voir ralentir le programme d’assouplissement de la Fed avant la fin de l’année si l’économie américaine poursuivrait son redressement. Bien que Ben Bernanke ait rappelé sa volonté de mettre en place toutes les mesures nécessaires pour soutenir l’économie américaine, les marchés craignent un ralentissement prématuré de l’action de la Fed.

Hier soir à la clôture, le Dow Jones reculait de 1,35% à 15 112,19 points, le S&P 500 perdait 1,35% à 1 628,93 points et le Nasdaq enregistrait une perte de son coté de 1,12% à 3 443,20 points.

Dans le sillage de Wall Street les marchés asiatiques terminent la séance du jour en territoire négatif inquiétés par un possible arrêt du programme de rachats d’actifs mené par la Réserve fédérale américaine d’ici l’année prochaine. En parallèle, les derniers chiffres de l’économie chinoise ressortent dans le rouge. La production manufacturière de la Chine est en effet tombée à un plus bas de neuf mois sur le mois de juin. Dans ce contexte, la Bourse de Tokyo perd 1,74% à 13 014,58 points et le Topix, plus large, recule de 1,33% à 1 091,81 points.

Ce matin les places européennes sont attendues en baisse après le discours de Ben Bernanke et les mauvais chiffres chinois. Quelques minutes avant l’ouverture le contrat à terme sur le CAC 40 d’échéance juin 2013 se traitait pour 3 771 points en baisse de 1,77%.

Forex:
Depuis le dernier Comité de la Fed qui s'est déroulé le 22 mai dernier, et suite aux déclarations de Ben Bernanke laissant présager une réduction du rythme de rachats d'actifs, les places boursières internationales et le marché des changes subissent de fortes volatilités. En effet, l'injection massive de liquidités dans le système financier conjuguée aux différentes politiques monétaires accommodantes mises en place par la Banque du Japon et la Banque centrale européenne, sont les principaux facteurs de hausse des Bourses depuis le début de l'année.

Depuis cette date, les investisseurs et opérateurs de marché utilisent chaque indicateur macro-économique comme baromètre d'une probable modification de la politique de la Fed. Chaque nouvel indicateur meilleur que prévu sonne comme une mauvaise nouvelle et laisse présager un changement de cap de la Fed sur son programme de rachats d’actifs. D'un point de vue conjoncturel, le marché du travail a continué de s'améliorer depuis la dernière réunion de la Fed tandis que l'immobilier, qui tient un rôle majeur dans la croissance économique du pays, s'est éclairci tout comme la consommation des ménages. L'amélioration de la première puissance mondiale, toujours soutenue par une politique ultra accommodante, a semé, durant quelques semaines, le doute dans la tête des investisseurs. C'est hier que le voile a été levé, la Réserve fédérale a maintenu sa politique monétaire conjuguant des taux d'intérêt proches de zéro et un programme de rachats d'actifs obligataires massifs, maintenu à 85 milliards de dollars par mois. En outre, Ben Bernanke a réaffirmé sa volonté de maintenir sa politique jusqu’à ce que le taux de chômage soit revenu à un seuil de 6,5% avec un taux d'inflation à 2,5%. Les investisseurs attendaient également les nouvelles prévisions économiques, la banque centrale estime que le taux de chômage devrait se situer en moyenne entre 7,2% et 7,3% d'ici à la fin de cette année, entre 6,5% et 6,8% au quatrième trimestre 2014 et entre 5,8% et 6,2% fin 2015, ces éléments permettront d'avoir des points de repères sur l'évolution future de la politique monétaire américaine.

Hier le billet vert, porté par des propos plutôt optimistes tenus par la Fed sur l'économie américaine et par la perspective de voir la banque centrale durcir sa politique monétaire, a fortement progressé face à l’euro. La monnaie unique européenne a fortement chuté vers 18 heures (heure locale) suite à la diffusion du rapport du FOMC, perdant plus de 140 pips en une heure. L’euro évoluait hier en fin de soirée face au dollar autour des 1,3297 contre 1,3396 mardi. Ce matin, le billet vert continue de gagner du terrain face à l’euro.

Concernant les autres paires de devises, la livre sterling progresse face au dollar et s’échangeait hier à 1,5659 dollar contre 1,5640 dollar la veille. Nous noterons que les opérateurs de marché estiment que l'arrivée de Mark Carney à la tête de la banque d'Angleterre, le 1er juillet prochain, ne devrait pas conduire à un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la banque centrale britannique.

Matières premières:
Au chapitre des matières premières, le pétrole s’inscrit en nette baisse suite à la hausse surprise des stocks aux Etats-Unis et aux conclusions du FOMC. En effet, hier, le Département Américain de l’énergie a fait état d’une hausse des stocks de 300 000 barils alors que les analystes tablaient sur une baisse de 400 000 barils. Cette annonce a toutefois été compensée par la baisse des stocks de produits distillés et des réserves à Cushing qui sont à leur plus bas depuis Décembre. En revanche, les marchés ont accéléré leur chute après le FOMC. Ben Bernanke a souligné que la FED pourrait commencer à réduire son QE3 dès 2013 et y mettre un terme courant 2014 en cas d’amélioration des fondamentaux économiques. Pour le moment la politique actuelle est maintenue mais le ton a changé : la FED a une volonté de normalisation. Les membres du FOMC ont admis que les risques qui pèsent sur l’économie ont diminué. Enfin, cette nuit, dans son enquête préliminaire, la banque HSBC a publié un PMI manufacturier chinois en baisse à 48,3 ce qui constitue un plus bas depuis Septembre 2012.

Dans ce contexte, sur le Nymex, le baril Light Sweet Crude évolue autour des 96,5 dollars. De son côté, le Brent de la Mer du Nord s’échange, ce matin, contre 104,2 dollars.

Sur le front des métaux précieux, l’or n’a pas résisté aux propos de Ben Bernanke. Le métal jaune a logiquement reculé suite aux propos du Président de la FED admettant la possibilité d’un changement de politique courant 2013. La FED a par ailleurs revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2014 ce qui donne du crédit à la théorie d’un changement de cap dans les mois à venir. Ce matin, l’once d’or se traite autour des 1 343 dollars.