Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Donald Trump s’est très bien sorti de l’épreuve des élections de mi-mandat, remettant en cause les théories sur l’impopularité dont il ferait l’objet aux États-Unis. Ce sont en effet les candidats les plus clivants et dont il soutenait le positionnement très « à droite » qui ont triomphé assez largement là où les sondeurs jugeaient l’issue du scrutin la plus incertaine.
Le Sénat, clairement remporté par les républicains, ne s’est donc pas gagné « au centre », et encore moins en jouant le registre consensuel… et la défaite de candidats démocrates donnés favoris n’est peut-être pas qu’une question de « positionnement un peu flou ».
Il faut reconnaître et saluer la capacité de Trump à mobiliser son électorat – pourtant moins nombreux que celui des démocrates : mais comme lors des présidentielles de 2016, de nombreux électeurs démocrates ne se sont pas déplacés pour aller voter là où chaque bulletin comptait : excès de confiance ? Indifférence ? Manque de volonté de faire élire des opposants pas assez « punchy » ?
Bernie Sanders, avec son programme très « à gauche » (le plus à gauche de tous les candidats étiquetés démocrates pour ces midterms), s’en est ainsi bien sorti… Mais il est impossible d’affirmer que d’autres candidats démocrates malheureux auraient mieux réussi en adoptant cette ligne sociale-démocrate plus à gauche dans des États où Sanders est justement taxé de « socialiste ». Ce qualificatif alimente d’ailleurs un amalgame fallacieux avec Cuba ou avec le Venezuela dans le discours républicain et sert de véritable repoussoir – y compris chez beaucoup de démocrates qui jugent que l’Etat prend déjà trop de place et qui croient aux vertus du libre-échange avec le reste du monde.
▶ La fin du libre-échange ?
En parlant de libre-échange… La Maison-Blanche ne semble toujours pas prête à normaliser les relations commerciales avec la Chine : les points de vue apparaissent plus éloignés qu’ils ne l’ont jamais été et Wall Street ne s’est pas rassuré vendredi avec l’annonce de préparatifs en vue de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping en marge du sommet du G20 fin novembre.
Donald Trump a d’ailleurs boycotté le Forum pour la paix organisé dimanche par Emmanuel Macron à la Villette pour privilégier un tête-à-tête avec Vladimir Poutine, ce qui n’a pas l’air d’avoir réjoui l’Élysée… et pour cause : notre président n’a pas été convié à jouer les entremetteurs entre ces « grands de ce monde ».
La réception de Donald Trump à l’Élysée a donné l’occasion d’affirmer que l’Europe allait consacrer plus d’argent à sa Défense (contre la Russie, la Chine et… les États-Unis). La question, c’est : avec quel argent… alors que le ras-le-bol fiscal s’exprime avec de plus en plus de force en France ?
Aux États-Unis, ce n’est pas la déception de savoir que Trump ne pourra mettre en œuvre sa « tax reform 2.0 » (il était question de 575 Mds$ d’allègements supplémentaires) qui a plombé Wall Street, mais plutôt la forte hausse de 0,6% du PPI, à 2,9% en rythme annuel, le pire score mensuel depuis septembre 2012 (le consensus tablait sur 0,2% mensuel et 2,6% annuel).
La Fed reste ainsi focalisée sur son objectif de normalisation des taux et se refuse à anticiper un ralentissement conjoncturel en 2019 malgré les nombreux signaux d’alarme (notamment le gros coup de frein en Chine). Ce ralentissement chinois ne résulte pas des premières sanctions douanières américaines au début de l’été : le processus est plus ancien et les injections massives de liquidités (1800 Mds$ sur un an) ne parviennent pas à maintenir un rythme de croissance au-dessus des 6,5% souhaités par Pékin.