Chaque jour Oblis épingle une obligation. Ce jeudi, arrêtons-nous sur l’un des emprunts émis par le géant français du nucléaire Areva (PARIS:AREVA). La ligne obligataire concernée est celle d’une maturité égale au 20 mars 2023 assortie d’un coupon de 3,125%.
Areva a placé cet emprunt en mars 2014. Il lui a permis de lever 750 millions d’euros par coupures de 100.000. Son rating est de « BB- » (« High Yield ») chez Standard & Poor’s.
L’obligation est actuellement disponible à 89,18% du nominal, soit un rendement de 4,89%. Précisons que l’émetteur bénéficie d’une option de rachat par anticipation de sa dette en mars 2022 à 100%. Dans cette hypothèse, la rémunération est de 5,134%.
Au niveau actuel, l’emprunt cote bien en dessous de son prix d’émission de 99,491%. Il a même touché fin septembre un plus bas historique de 86,5% du nominal. Les difficultés financières qui touchent le groupe nucléaire expliquent les brusques variations des prix sur le marché secondaire.
Areva traverse une période difficile depuis l’accident de Fukushima au Japon en 2011. À l’époque, le groupe y réalisait près de 10% de son chiffre d’affaires, via la vente d’uranium ou le retraitement du combustible. Le non-redémarrage des réacteurs nucléaires a grevé les comptes de l’entreprise française, mais pas seulement. L’arrêt massif des centrales allemandes, les déboires de son réacteur EPR ou encore les retombées du scandale Uramin ont lourdement pesé sur les comptes de la compagnie française, à travers des provisions et des dépréciations d’actifs. L’exercice 2014 s’est soldé par une perte de 4,8 milliards d’euros, révélant l’ampleur de la crise et forçant son actionnaire majoritaire, l'Etat français, à intervenir pour éviter le naufrage.
C’est dans ce contexte qu’en juillet dernier, Areva, l’Etat français et l’électricien EDF (PARIS:EDF) ont annoncé les grandes lignes d’un accord visant à sauver le spécialiste de l’atome.
Le plan des mesures à mettre en oeuvre s’est affiné ces derniers jours. Selon des informations parues dans la presse française, l’Etat devrait injecter au minimum 2,5 milliards d’euros dans le groupe nucléaire. Un peu plus d’un tiers du capital de la branche réacteurs d’Areva (Areva NP) sera vendue à des investisseurs asiatiques. L’électricien (EDF) et le spécialiste de l'atome (Areva) se répartiront le solde à hauteur de respectivement 51% et 15%.
A l’issue du processus de restructuration, la taille d’Areva devrait être divisée par deux, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 4 milliards d’euros et 20.000 personnes employés.