Une escalade critique s’aggravant de jour en jour
Hier après-midi, les marchés boursiers ont été secoués par un nouveau développement du dossier ukrainien, malgré de bonnes publications macroéconomiques américaines. En effet, l’OTAN a annoncé vouloir déployer une force armée composée de 4 000 hommes en Europe de l’Est (mais bien entendu, pas directement en Ukraine). Réponse immédiate de la diplomatie russe : « la doctrine militaire du Kremlin sera ajustée en conséquence ». A nouveau, le dossier ukrainien revient donc au centre de l’actualité, dans la mesure où cette escalade inquiète de plus en plus d’opérateurs boursiers. D’après le New York Times, cette force armée serait en grande partie soutenue par des pays de l’ancien bloc soviétique dont : les Etats baltes, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie. Cette précision prend toute son importance si l’on prend conscience de la proximité géographique de ces Etats avec la Russie, en plus de l’aspect purement historique. Peu de temps après cette révélation qui a chamboulé la séance de trading, les séparatistes (visiblement épaulés par des soldats russes) ont détruit une colonne de blindés ukrainiens laissant derrière eux des carcasses de véhicules et des corps inertes de soldats. L’envoyé spécial de France 24, sur place, a notamment résumé la situation en quelques mots : « Il y a à peine un peu plus de deux semaines, les forces ukrainiennes avançaient rapidement et il semblait que la victoire était à portée de main […] Des scènes comme celles-ci montrent que ce n’est plus le cas ». Naturellement, de telles scènes laissent penser et semblent confirmer, encore une fois, que des soldats russes sont bel et bien présents sur le terrain (expliquant cette fulgurante progression des séparatistes en quelques jours). Rappelons enfin que jeudi et vendredi se tiendra au Royaume-Uni un sommet exceptionnel de l’OTAN duquel Kiev attend des « décisions cruciales » et une « aide pratique ». L’Ukraine a d’ailleurs relancé son dossier d’adhésion à l’OTAN comme nous l’évoquions dans nos analyses matinales, la semaine dernière. Durant ce sommet, l’envoi des 4 000 hommes évoqués précédemment (dont des forces spéciales) devrait être définitivement confirmé. L’escalade des tensions est donc encore très loin de son summum, laissant craindre le pire aux portes de l’Europe. Comme toujours : il conviendra de suivre de très près ce dossier, en rappelant qu’il a une nouvelle fois chamboulé les marchés boursiers hier après-midi.
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 268$ l'once. L'actif s'échange toujours au sein d'un cycle baissier. En D1, le RSI (14) évolue en dehors de ses zones de tension. Nos principaux objectifs haussiers de ces dernières semaines ont été validés, et même dépassés : voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ l'once). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l'Irak, par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions toujours un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 275$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l'achat se situent à 1 283$ et à 1 291$ (cette dernière cible doit être visée avec peu de capitaux, de manière conservatrice). En scénario central, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 275$, nous tablons sur des cibles à 1 258$ et à 1 255$. Nos objectifs baissiers de la semaine dernière ont été validés et même largement dépassés. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 275$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais baissier, en ciblant particulièrement les 1 258$. Attention, toutefois : le biais baissier peut rapidement s'affaiblir, selon l'actualité. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la sixième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au sixième « tapering » (annoncé mercredi 30 juillet), ce montant mensuel est fixé à 25 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à l'automne.