C’est donc officiel : Athènes a payé hier « comme prévu » les 459 millions d’euros au FMI. Quelques précisions sont néanmoins à rappeler au sein de ce levier ponctuellement haussier. En effet, ces 459 millions ne représentent que l’équivalent d’une seule tranche de l’un des prêts européens (Troïka). Autrement, une goutte d’eau dans le cadre des 240 milliards d’euros prêtés à la Grèce depuis 2010. Nous retiendrons ici la prochaine échéance et les négociations toujours en cours. Le psychodrame de ces derniers jours autour de ce dossier et pour une somme si « dérisoire » face aux véritables échéances ne peut que nous laisser perplexes. Décryptage.
Et pour cause. La Grèce s’apprête déjà à rembourser une nouvelle tranche au FMI de 767 millions d’euros supplémentaires, d’ici la mi-mai. D’autant que les ressources économiques du pays se sont littéralement effondrées depuis l’élection de Syriza, début 2015. A ces échéances immédiates et consécutives s’ajoute un contexte particulièrement tendu de négociations, visiblement reportées au 24 avril (puisqu’Athènes a évité le défaut de paiement hier, la faillite, en versant ces fameux 459 millions). D’ici le 24, un groupe d’experts européens doit rendre ses conclusions sur les 26 pages de réformes proposées par Athènes contre le versement attendu d’une tranche d’aide supplémentaire de 7,2 milliards.
Une tranche que la Grèce attend depuis août 2014. Mais comme nous le couvrions hier, Athènes est en train de clairement faire comprendre à ses partenaires européens que d’autres solutions, quand bien même au prix d’un Grexit, sont envisageables. Notamment via un rapprochement avec la Russie : un coup de Poker particulièrement intéressant qui nous vous invitons à suivre. Toujours dans ce contexte de tensions et de pressions diplomatiques, Manuel Valls a déclaré ce matin que la Grèce devrait présenter une « liste de réformes plus profondes » pour que l’accord tant attendu (le 24 avril) soit acquis. Valls a justifié la demande de nouvelles réformes (pour ne pas dire « vagues d’austérité ») en déclarant : « La position de la France n’a jamais varié : il faut tenir compte du vote du peuple grec, mais il y a aussi un cadre institutionnel et des engagements pris. Ils doivent être respectés ».
Suite de la déclaration de Valls : « Comme vous le savez, le temps presse. L’Etat grec doit faire face prochainement à des échéances de remboursement importantes. Et les choses sont simples : pour que l’assistance financière européenne puisse jouer normalement, le gouvernement grec doit définir une nouvelle liste de réformes ». La citation se veut longue mais claire dans la mesure où elle synthétise exactement la ligne européenne face à la Grèce. A nouveau, le biais boursier est intuitif : un accord sera salué par une hausse des valeurs européennes tandis que les craintes suscitées d’ici-là (notamment via des phrases assassines et autres pressions diplomatiques) engendreraient de violents mouvements baissiers, mais ponctuels. Prudence aujourd’hui sur le DAX, puisque l’indice allemand évolue sur son nouveau point haut historique. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France