La pression vendeuse sur les obligations souveraines allemandes s’est intensifiée ces derniers jours. Le mouvement a connu son apogée jeudi, lorsque le rendement du Bund à dix ans touchait 0,78% en séance, là où il évoluait encore à 0,05% il y a à peine trois semaines. Ce vendredi matin, il s'affiche en nette baisse à 0,53%.
Le rendement d’une obligation évolue pour rappel à l’inverse de son prix : la baisse du cours se traduisant mécaniquement par une hausse du rendement.
Il y a quelques jours encore les analystes anticipaient un rendement négatif pour la dette allemande à 10 ans. Mais un « brutal mouvement (de vente) » a changé la donne explique Richard McGuire, stratégiste obligataire chez Rabobank International. « Le sentiment et la perception des fondamentaux ont changé », ajoute McGuire.
En outre, pour Gianluca Ziglio, stratégiste obligataire chez Sunrise Brokers LLP à Londres, « les ventes ont eu lieu dans un marché peu liquide, ce qui a provoqué d’importantes variations »
Le mouvement est d’autant plus spectaculaire qu’il touche le Bund, un actif emblématique, réputé pour sa solidité et sa stabilité.
Meilleures statistiques économiques
Les dernières statistiques publiées pour la zone euro et le programme d’assouplissement quantitatif (Quantitative easing, QE) de la BCE peuvent expliquer la récente correction du Bund et par ricochet celles de ses homologues de la zone euro.
Les achats massifs d’obligations souveraines (60 milliards d’euros par mois) menés depuis le mois de mars par la BCE ont poussé les rendements vers des niveaux records à la baisse, contribuant à créer chez une (trop ?) grande majorité d’investisseurs l’idée que les rendements ne pouvaient que descendre, encore et encore. Et les prix des obligations monter.
Mais les dernières statistiques économiques publiées (crédit, prix à la consommation…) ont créé la surprise, en montrant que la zone euro semblait avoir évité la déflation et en suggérant même une légère embellie économique. Les investisseurs ont dès lors ajusté leurs attentes en matière d’inflation, conforté par ailleurs par la fermeté des prix du pétrole, ce qui a provoqué les ventes de ces derniers jours.