Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Spécialiste des surfaces sportives, Tarkett (PA:TKTT) (FR0004188670-TKTT) connaît depuis un an une évolution boursière plus que heurtée. Fruit du rachat de l’entreprise suédoise Tarkett par le groupe Sommer-Allibert, le groupe a chuté de 3,5% hier et abandonne encore 1,5% ce mardi, revenant sous les 24€. Le titre a perdu plus de 45% sur un an avec, au bout du compte, une capitalisation boursière revenue à 1,5 Md€. Il se traite désormais environ 17% en dessous de son cours d’introduction en Bourse de novembre 2013, de 29€.
Cette sévère contre-performance s’explique par la conjonction de nombreux éléments : il y a eu le départ l’été dernier de Michel Giannuzzi, qui était à la tête du groupe depuis presque 10 ans, puis Tarkett a écopé en octobre d’une amende de 165 M€ après la découverte du « cartel du lino », une entente entre Tarkett, Gerflor et Forbo qui a permis aux trois concurrents de fixer les prix ensemble pendant 25 ans.
▶ En perte en 2017
Les résultats 2017 n’ont donc pas été très bons. Certes, le chiffre d’affaires a progressé de 4,8% à 2,8 Mds€, mais le résultat net a plongé dans le rouge à -39 M€. Pour ne rien arranger, la situation financière s’est dégradée avec un ratio d’endettement rapporté à l’Ebitda de 1,6 fois, contre 1,1 fois à fin 2016. Nous sommes encore loin du ratio dette / Ebitda de 3, niveau fatidique qui dénote d’une structure financière dangereuse, mais ce ratio est tout de même assez décevant.
Le début d’année n’est guère brillant non plus, comme en témoignent le recul de 7,2% des revenus du premier trimestre à 567,9 M€ et la chute de l’ordre de 42% de la marge d’Ebitda, passée en un an de 8,4 à 5,2%. Cette nouvelle désillusion a notamment été imputée au prix élevé des matières premières et à l’évolution récente des taux de change, en particulier le rouble.
La contribution de la Russie aux revenus totaux de Tarkett étant supérieure à 20%, il est évident qu’une forte volatilité du rouble a un impact important, notamment lorsque les comptes sont consolidés. A cause des sanctions américaines contre le pays, obligeant les pays européens à adopter une ligne de conduite dure avec Moscou, les performances plus que médiocres du rouble face au l’euro ont engendré des pertes de change. Un ami banquier d’affaires m’a expliqué qu’il est très difficile de se couvrir sur ce type de devises dans la mesure où « les couvertures de change coûtent une fortune avec des intermédiaires qui exigent des primes considérables ».
▶ Une reprise technique de 15 à 20% reste envisageable
Les perspectives financières ne sont pas des plus réjouissantes, au point que certains analystes commencent à se dire qu’il sera très difficile pour Tarkett de dégager une marge équivalente à celle de 2017 : on anticipe plutôt une marge d’Ebitda comprise entre 10 et 11%. Dans son dernier communiqué, Tarkett s’est en outre contenté de confirmer sa « volonté » de générer une marge d’Ebitda de 12% d’ici 2020, mais on ne sait pas comment le groupe compte s’y prendre… Bref, vous l’avez compris, il est bien difficile pour le moment de trouver des motifs de satisfaction sur le dossier.
En refaisant mes calculs, je retrouve une valeur qui se paie sur une VE/Ebitda de 6,5 aux cours actuels, ce qui n’est pas cher pour un groupe industriel. Certes, il paraît aventureux de vous recommander la valeur aux cours actuels, mais il est également hasardeux de sortir du dossier après une telle purge. Au vu de sa faible valorisation, je pense que le titre est en train d’atteindre un point bas. Un rebond technique de l’ordre de 15 à 20% peut se mettre en place.