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Marchés financiers : le risque politique

Publié le 01/04/2015 12:27
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Dans le contexte actuel sensiblement focalisé sur l’action des banques centrales et l‘évolution des perspectives économiques en zone euro, il convient de conserver un oeil attentif sur l’évolution du contexte politique en zone euro dont on a vu plusieurs fois dans un passé proche l’influence sur les marchés financiers.

Au coeur de l’attention actuelle des marchés, il y a évidemment la Grèce et les négociations en cours sur les réformes annoncées par le gouvernement grec en échange d’un prolongement de l’aide financière de ce qu’il convient désormais de ne plus nommer la « troïka ». Au-delà du prolongement de l’aide, et même si on ne parle plus de Memorandum, se pose inévitablement la question de la soutenabilité de la dette à moyen terme dans un pays dont la croissance ne devrait pas excéder 1.4% en 2015 selon le nouveau gouvernement avec un taux de chômage à 26% et une dette qui avoisine les 180% du PIB. Le risque politique a déjà été « pricé » par le marché lors de l’annonce de l’élection présidentielle anticipée en décembre 2014 puis lors du résultat des élections législatives anticipées début 2015. Le rendement du 10 ans grec est passé de la zone des 7% en décembre à près de 12 % en mars. Encore plus significatif, l’évolution des taux « courts », plus sensibles au risque court terme : le rendement du 3 ans est passé de 6% à….25% en mars ! L’indice ASE de la Bourse d’Athènes a perdu 33% en moins de 2 mois avant de de redresser légèrement. Au cours de la même période, les principaux indices européens ont fortement performé à la hausse pour toucher de nouveaux plus hauts historiques sur le DAX et le CAC40 notamment (dividendes inclus). Le « risque politique » perçu par les marchés en décembre, lors de l’annonce de l’élection présidentielle anticipée, a entrainé le CAC40 des 4400 points à 3930 points 8 jours plus tard, soit plus de 10% de baisse…

Le risque lié à l’incertitude des négociations entre les membres du gouvernement grec et leurs partenaires européens n’a en revanche pas été totalement délimité et pourrait générer un regain de volatilité en cas de nouvelles tensions et de retard dans l’avancée des discussions et la mise en place des réformes promises.

In fine et dans le scenario le plus extrême (sortie de la Grèce de la zone euro) l’effet de contagion au reste de la zone devrait être limité en raison de l’exposition réduite du secteur privé à la Grèce (risque principalement porté par les états européens, la BCE et le FMI), ce que traduit l’évolution des taux souverains en zone euro depuis l’éclatement de la « seconde » crise grecque. Les taux de l’Espagne, du Portugal ou encore de l’Italie ont continué à se détendre après l’arrivée au pouvoir de Syriza, certes aidés par la mise en place du QE de la BCE mais également parce-que les pare feux mis en place au niveau européen et la poursuite des réformes dans plusieurs pays, notamment périphériques, ont rassuré les marchés qui n’ont pas massivement vendu de dette souveraine et fait grimper les taux comme ce fut le cas en 2010 et 2011.

Quand on parle du risque politique sur les marchés, on ne peut faire abstraction de l’évolution de la situation en Espagne et de la fulgurante montée en puissance de la gauche radicale incarnée par Podemos et son leader Pablo Iglesias. Ce parti fondé début 2014 rivalise désormais avec le Parti Populaire et le Parti Socialiste dans les sondages et surfe sur l’effet Syriza en Grèce. Les différentes échéances électorales prévues en 2015 en Espagne peuvent également apporter un regain de volatilité sur les marchés dans un contexte de reprise économique, ces derniers pouvant craindre une remise en question profonde des décisions de politique économique notamment. La « réponse » apportée par l’Europe à la situation économique et politique grecque est donc observée et analysée avec inévitablement un parallèle plus ou moins précis fait avec la gauche radicale en Espagne. Sans oublier les velléités indépendantistes de la Catalogne…

Il faut remonter quelques années en arrière pour bien mesurer l’impact du risque politique. En Italie et alors que les marchés subissaient déjà le stress d’une contagion de la situation grecque à d’autres pays de la zone euro, l’incertitude politique qui a débouché sur la démission de Silvio Berlusconi et la nomination quelques jours plus tard de Mario Monti en novembre 2011, a entraîné les marchés dans une forte correction baissière. Le CAC40 était passé de plus de 3400 fin octobre 2011 à près de 2800 points fin novembre soit près de 17% de baisse en un mois…

Même constat avec les crises politiques qui touchent « régulièrement » le Congrès américain lors du relèvement du plafond de la dette. A l’été 2011, Démocrates et Républicains se sont affrontés pendant plusieurs semaines, les premiers prônant des hausses d’impôts couplées à la fin de plusieurs niches fiscales, les seconds exigeant une diminution des dépenses de l’Etat. Il aura fallu attendre fin juillet pour qu’un accord soit trouvé mais le mal était fait sur les marchés et le SP500 avait déjà accusé une baisse de près de 7%.

Même tension en 2013, toujours concernant le relèvement du plafond de la dette avec la mise au chômage technique des fonctionnaires fédéraux pour cause d’impasse budgétaire. Durant cette période d’affrontement politique, le SP500 a abandonné 5% avant de se redresser.

Les crises politiques entraînent fréquemment des mouvements correctifs de plus ou moins grande ampleur sur les marchés selon la durée de la crise et l’impact économique potentiel. Les échéances politiques dans plusieurs pays européens, les enjeux des discussions sur la Grèce et plus globalement la montée d’un sentiment eurosceptique qui bouscule le paysage politique, sans oublier les tensions géopolitiques autour de l’Ukraine, peuvent offrir les conditions de corrections sur les marchés financiers et notamment les indices actions, sans toutefois remettre en cause la dynamique haussière de fond tirée par les fondamentaux économiques (baisse euro, baisse pétrole, QE de la BCE, faiblesse des taux souverains, plan d’investissement Juncker…) et les mesures prises depuis la phase aigüe de la crise de la dette.

Alexandre Baradez
Responsable Analyses Marchés
IG France

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