In extremis, un accord est trouvé
Une page semble donc se tourner d’un point de vue strictement boursier … du moins ponctuellement. Si l’accord annoncé ce matin ne rassure pas l’intégralité des chancelleries et du secteur financier, mentionnons plusieurs points à chaud. Premièrement, Athènes semble avoir totalement perdu la main au sein des négociations : l’accord consenti en termes de réformes économiques s’éloigne très fortement de la ligne politique et des promesses électorales de Tsipras. A l’image de la copie rendue jeudi soir, semblable à celle du 26 juin (voir notre précédente analyse), un choix a été fait : les marges de manœuvre entre négociations extérieures et politique intérieure étaient faibles pour Tsipras, nous le savions. La pression diplomatique aura eu raison du Premier ministre grec au travers d’un accord douloureux et ruinant assurément son leadership au sein de Syriza.
Douloureux pour plusieurs raisons. La nuit de négociations aura été décisive entre quatre acteurs majeurs du dossier : Tsipras bien sûr, Merkel, Hollande et Donal Tusk (le Président du Conseil européen). Pas de place, donc, pour les autres voix de la zone euro. Il s’agit là d’un fait intéressant pour le couple franco-allemand qui table sur une gouvernance plus centrée sur l’axe Paris-Berlin. Douloureux également car Athènes semble s’engager dans une voie difficilement tenable : le pays est incapable de se réformer et d’assumer ses fonctions les plus primaires, comme on le sait. Il s’agit de facto d’une sorte de chèque en blanc consenti à un pays stratégiquement situé aux portes de l’Europe et pour lequel les partenaires craignaient surtout une chute violente et systémique. Sans parler de la possible jurisprudence que constituerait un « Grexit », à cinq mois des législatives espagnoles que nous commentions ces derniers jours.
Pour l’heure, et bien que l’accord soit acté, différentes voix totalement contradictoires se font entendre. Si Paris se félicite de l’accord, Angela Merkel prévient ce matin que le chemin à suivre sera « long et difficile » pour Athènes. Douloureux, donc. L’accord est aussi inédit dans la mesure où il acte un troisième plan de sauvetage, laissant craindre une issue interminable à ce dossier qui devrait revenir sur les devants de l’actualité dans les prochains mois. Et pour cause : ce plan ne semble pas pris au sérieux comme une solution de long terme. Il présume de la même issue que pour les deux précédents volets : celle d’une aide interminable contre des réformes impossibles à tenir dans un pays sans véritable fonction régalienne. Mais puisqu’une page provisoire semble se tourner, les yeux des opérateurs boursiers européens vont pouvoir s’orienter vers les négociations du dossier iranien et du « krach » boursier (très relatif) en Chine. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France