Il semble que les investisseurs aient mal vécu l’annonce d’une nouvelle dégradation, alors qu’ils avaient réagi avec modération à l’abaissement par Fitch de la note espagnole lundi. Moody's a déclassé cette dernière de A3 à Baa3, la plaçant à un cran au-dessus de la catégorie spéculative. Le facteur qui a probablement poussé les investisseurs à se détourner des actifs à risque est la cascade ininterrompue de remarques par les agences de notation et les dirigeants politiques.
Alexis Tsipiras, leader du parti grec Syriza, persiste dans sa volonté de renégocier l’accord de sauvetage, mais a rassuré les électeurs grecs en affirmant que l’UE ne lâcherait pas la Grèce car les conséquences seraient catastrophiques pour la zone euro. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a cependant observé hier que si la Grèce voulait redevenir compétitive, le salaire minimum devait baisser. Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a rejeté une proposition de la Finlande, l’un des six pays européens AAA, qui l’appelait à démanteler les établissements prêteurs en difficulté. Il ajouté que l’Europe devait combattre l’escalade des coûts de financement, comme lui-même le faisait déjà. Il a envoyé une lettre au président de la Commission européenne José Manuel Barroso pour demander l’aide de la BCE dans la lutte contre la hausse des taux souverains. Du côté des agences de notation, Fitch a rappelé ces derniers jours l’incertitude quant au maintien de la Grèce au sein du bloc et estime par ailleurs que le gouvernement de Mariano Rajoy n’atteindra pas son objectif budgétaire.
L’Asie boursière s’est affichée en rouge, le Nikkei cédant 0,22%, le Hang Seng 0,72% et l’ASX 200 0,53%. La production industrielle du Japon s’est révélée inférieure aux prévisions en mai, accusant une contraction de 0,2% au lieu d’augmenter dans les mêmes proportions. Dans le sillage de cette publication, le yen a légèrement reculé face au dollar et s’est maintenu sous son point haut intraday de 79,49. La RBNZ a annoncé qu’elle n’envisageait pas d’augmenter ses taux d’intérêt pour l’instant, mais qu’elle réévaluerait sa décision en cas de détérioration désastreuse de la situation européenne.
Le gouverneur Alan Bollard place à 60 % les chances de voir l’Europe remonter la pente vaille que vaille, à 30 % le risque d’une sortie de la Grèce et à 10 % le danger de contagion. Le NZD et l’AUD se sont respectivement appréciés de 0,47 et 0,11 % face au billet vert. Bien soutenu, l’euro a gagné 0,06% aux dépens du dollar et s’est installé juste au-dessous de la moyenne mobile à 100 et 200 jours, les marchés s’attendant à une contraction de 0,2 % M/M de l’IPC US. La BNS doit rendre ce jour sa décision de politique monétaire. Nous pensons qu’elle maintiendra son taux directeur à 0 % et qu’elle n’annoncera pas de modification concernant le plafond ou le contrôle des capitaux, sous peine de créer le pire des précédents pour un pays s’enorgueillissant d’offrir un refuge sûr aux capitaux.
Posté par Léa Torbey Meouchi sur Swissquote