Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Lorsqu’on regarde les performances boursières des valeurs du CAC40 depuis le 1er janvier, on remarque que certaines valeurs n’ont clairement pas eu les faveurs des investisseurs cette année. C’est notamment le cas de Carrefour (PA:CARR) (FR0000120172), de Technip (PA:FTI) (FR0000131708), de Sanofi (PA:SASY) (FR0000120578) ou de Publicis (PA:PUBP) (FR0000130577). A ce jour, il n’y a que 7 valeurs dans le rouge sur le CAC40. Et il n’y aucun mystère dans ces trajectoires : les performances économiques de ces groupes n’ont pas été bonnes.
D’autres encore, sans vraiment décevoir, restent hors radar.
C’est le cas d’Orange (FR0000133308), plutôt flat depuis le début de l’année. Le titre avait ouvert à 14,40€ le 2 janvier et cote aujourd’hui 14,80€. Le titre affiche un plus-bas, à 13,50€ et un plus haut, à 15,80€. Dans le même temps, le CAC40 gagne 10,8%. Pourtant, avec plus de 20 millions d’abonnés, l’opérateur français se porte bien… Alors pourquoi une telle léthargie du titre ?
C’est peut-être une question d’image du groupe, qui passe depuis toujours pour une valeur défensive, une valeur de rendement. Or, cette année, les investisseurs étaient plutôt orientés en mode risk-on, lancés dans la hausse. Les valeurs de rendement ne sont donc pas celles qui ont le plus performé ?
Mais le positionnement d’Orange est en train de changer…
▶ Le P-DG d’Orange passe à l’offensive
Dans le plan stratégique d’Orange, réactualisé la semaine dernière à Londres, il est à la fois question d’économies (1 Md€ entre 2019 et 2020), d’amélioration du cash flow et, surtout, de hausse de l’EBITDA. Pour les économies, par exemple, le groupe ne prévoit pas de surenchérir sur les droits sportifs. On est donc loin de la stratégie d’Altice (AS:ATCA) (NL0011333752) dont les dépenses pour acquérir le championnat anglais ou encore la Ligue des champions ont atteint des montants jugés disproportionnés.
Côté objectifs de résultats, la direction s’est montrée agressive et fermement décidée à tenir ses objectifs. En effet, si je n’étais personnellement pas présent à cette réunion londonienne, certains de mes amis y étaient et n’ont pas manqué de me la débriefer sous toutes les coutures. Tous m’ont rapporté le changement de positionnement de la direction, plus offensif et orienté « croissance » que les années précédentes. Stéphane Richard l’a martelé : cette année, l’EBITDA devrait progresser de 2%, avant d’accélérer sur les exercices suivants. De même il a longuement insisté sur son free cash flow qui devrait suivre la même tendance. Effectivement, quand on connaît un peu Orange et son positionnement ces dernières années, le discours détonne.
Avec mes amis, nous en avons beaucoup discuté et notre conclusion est la même : Orange ne veut plus être considéré comme une valeur de rendement, même avec 4% offert actuellement. Les opérateurs se sont d’ailleurs montrés déçus par le montant annoncé du dividende pour les prochaines années : 0,65€. Certes il est question d’un relèvement progressif, mais Stéphane Richard est tout de même resté évasif sur ce point. Orange cherche clairement à décrocher ses galons de valeur de croissance – ce qui permettrait à son titre de retrouver une dynamique haussière.
▶ Orange, je passe au vert ?
Pour l’heure, que faire sur Orange ?
Eh bien, compte tenu de ce que je viens de vous dire et de ratios boursiers somme toute modérés (PER de 13), je pense que le dossier devrait être l’une des vedettes boursières de 2018. Alors pourquoi les investisseurs ne se précipitent pas pour acheter la valeur ? Ma réponse tient en un mot : reclassement… Je parle plus exactement d’une éventuelle cession des titres Orange détenus par l’Etat. Rappelons effectivement qu’Emmanuel Macron a maintes fois répété que cette participation dans Orange n’était pas stratégique.
Or, l’Etat actionnaire détient encore 23% du capital d’Orange (13,4% via la BPI et 9,6% via l’APE). Et, pour récupérer la totalité de cette participation il faudrait débourser, aux cours actuels, pas moins de 9 Mds€… ce qui, vous en conviendrez, n’est pas à la portée de toutes les bourses. Et une cession partielle se fera sans doute avec une légère décote. Voilà pourquoi les gérants ne se bousculent pas au portillon d’Orange même si le dossier est sans doute l’un des moins cher du CAC40 en termes de ratios, actuellement. De mon point de vue, personne ne bougera vraiment tant que l’Etat n’aura pas dévoilé son jeu sur la question. Mais cela me semble pour le moment impossible. Dommage, cela pourrait pourtant permettre de drainer plus d’investisseurs, notamment anglo-saxons, sur le dossier.