Jetons un œil sur le géant russe, relativement méconnu des cambistes européens. Pour soutenir la croissance économique, la Russie tablerait sur la même recette que le Japon : dévaluer sa monnaie. Cette politique devrait entrainer une augmentation des recettes fiscales et à l’instar du Japon une hausse de l’inflation. Depuis son retour au Kremlin en mai 2012, Vladimir Poutine presse son gouvernement pour appliquer cette politique.
Au premier trimestre 2013, la Russie a enregistré une croissance de 1,6% en rythme annuel, soit son plus mauvais résultat depuis 2009. De quoi inquiéter le ministre russe des Finances Anton Silouanov qui a réaffirmé hier vouloir dévaluer le rouble. L’inquiétude se fait d’autant plus forte que les perspectives pour le deuxième trimestre ne sont guère plus réjouissantes puisque la production industrielle a baissé de 1,4% le mois dernier par rapport au mois de mai 2012.
En l’état, plusieurs différences semblent marquer la volonté de Moscou et celle de Tokyo. Rassurant, Anton Silouanov a évoqué hier qu’il « accepterait une certaine dépréciation du taux de change du rouble mais uniquement tant qu’elle resterait initiée par le marché et non administrée […] Une légère dépréciation du rouble peut jouer un rôle positif pour les recettes budgétaires et pour l’économie dans son ensemble ».
Moscou se veut donc moins agressif dans sa politique monétaire que Tokyo et sa politique des « Abenomics » présentée à plusieurs reprises dans nos analyses. Côté prévisions, les analystes s’attendent à ce que cette dévaluation du taux de change rouble-dollar entraine 4,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires dans les caisses de l’Etat, soit 190 milliards de roubles.
En soit, Moscou souhaite accentuer encore plus la baisse de la valeur du rouble qui a déjà perdu 5% depuis le début de l’année face au panier de référence euro-dollar. Si les perspectives de la faible dévaluation à venir semblent encourageantes pour Moscou, la Banque centrale russe se refuse à tout assouplissement quantitatif comme a pu le faire jusqu’à présent la BoJ au Japon ou la Fed aux Etats-Unis.
Une raison trop peu évoquée justifie ce choix. Actuellement, le taux d’inflation en Russie est de 7,4% ! Entrer dans la même logique que la BoJ et la Fed entrainerait une augmentation de ce taux, déjà très élevé. De quoi étouffer la population russe. La Banque centrale russe s’y refuse d’autant plus que son objectif d’inflation est compris entre 5% et 6%.
« Il n’est nul besoin en ce moment de mettre en œuvre une politique dite d’assouplissement quantitatif, comme cela se pratique dans d’autres pays, car cela alimenterait encore l’inflation » a rappelé hier Anton Silouanov. Mais la semaine prochaine sera marquée par l’arrivée à la tête de la Banque centrale russe d’Elvira Nabioullina, une des conseillères économiques de Vladimir Poutine. Cette dernière est réputée pour son soutien à une politique monétaire plus souple.
Si sa nomination pourrait être suivie par une baisse des taux, elle se veut bien moins modérée qu’Anton Silouanov quant à un possible Quantitative Easing russe. De quoi alimenter un véritable bras de fer à Moscou autour d’une explosion de l’inflation. Dernier élément de ce dossier, la plupart des économistes s’entendent à dire qu’une nouvelle baisse du rouble serait certes favorable aux recettes budgétaires mais ne devrait pas avoir un réel impact sur la croissance russe. A suivre donc.
XTB France
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