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Royaume-Uni: L'emploi sans croissance

Publié le 21/06/2013 19:09
Mis à jour le 09/03/2019 14:30

Avec peu de croissance, l’économie britannique est parvenue à créer des emplois et à réduire sensiblement son taux de chômage en2012. Mais sa productivité s’est effritée, entrainant depuis l’été dernier une modération salariale. Conséquence, la consommation, principal moteur de la croissance en 2012 (les Jeux olympiques ont joué un rôle), commence à ralentir. Compte tenu du niveau toujours élevé de l’inflation, la modération salariale risque d’obérer le pouvoir d’achat des ménages et la consommation au cours des prochains mois. L’inflation devrait, en effet, se maintenir au-dessus de la cible d’inflation de 2% de la BoE tout au long de l’année.

Un marché du travail étonnamment robuste
Le taux de chômage reste sensiblement supérieur à celui qui prévalait avant la crise mais, à la différence de ce qui a pu être observé dans la plupart des pays européens, il a renoué avec une orientation baissière dès le début 2012. Il se situait ainsi, en avril, à 7,8%, son plus bas niveau depuis début 2011.

L’expansion presque ininterrompue de l’activité dans les services alargement soutenu le marché du travail1. Le secteur manufacturier lui-même, pourtant en récession, a créé des emplois. Au total, l’emploi a crû de 1,2% en 2012, bien plus vite que l’activité (+0,3%)(cf. graphique 2). Son niveau est désormais légèrement supérieur à celui qui prévalait avant la crise, ce qui n’est pas le cas du PIB. La progression de l’emploi s’est, en outre, accompagnée d’un accroissement du nombre d’heures travaillées par les salariés à temps plein et à temps partiel. Le nombre total d’heures travaillées a, en effet, augmenté de 4% entre le deuxième trimestre 2009 et le premier trimestre 2013, parallèlement à l’accroissement de la part des emplois à temps partiel dans l’emploi total, lesquels ont représenté près de la moitié des créations d’emplois depuis la reprise du début de 2010.

Relativement peu de faillites
Certaines entreprises ont continué à créer des emplois dans des activités spécifiques. Parallèlement, plusieurs facteurs ont permis de limiter les destructions d’emplois. Des entreprises ont, en effet, été contraintes de conserver un niveau minimum de salariés pour maintenir leur activité, ou ont dû fournir davantage d’efforts pour obtenir un même volume de contrats. D’autres entreprises ont vraisemblablement souhaité conserver leurs employés et certaines compétences spécifiques dans l’espoir d’un retour rapide à une croissance soutenue. En outre, au regard de l’évolution de l’activité, moins d’entreprises ont fait faillite au cours de ces dernières années que durant la récession des années 1990. Il faut y voir une conséquence de la politique monétaire exceptionnellement accommodante de la Banque d’Angleterre, ainsi que des mesures de soutien public au secteur financier (nationalisations).

Faible progression des salaires
L’évolution des salaires a fluctué en mars et avril en raison du report du versement des bonus2. Toutefois, la modération salariale est visible. Le rythme d’expansion des salaires a, en effet, commencé à fortement ralentir à partir de l’automne dernier, et les salaires (hors bonus) ont progressé de seulement 0,9% sur un an en avril 2013 (cf. graphique 2). Plusieurs facteurs participent à la modération salariale.

1-Un taux d’activité élevé
Plusieurs mesures visant à accroître le taux d’activité ont incité certains salariés à rester sur le marché du travail et ont exercé une pression à la baisse sur les salaires. En effet, depuis la crise de 2008, les critères d’attribution de pensions d’invalidité ou maladies ont été modifiés. Certains salariés, qui ne peuvent plus bénéficier d’indemnités, sont donc restés sur le marché du travail ou l’ont réintégré. La possibilité pour les salariés de travailler au-delà de 60 ans s’est également accompagnée d’une hausse du nombre d’actifs, d’une réduction du pouvoir de négociation des salariés et d’une pression supplémentaire sur les salaires. Les entreprises ne peuvent, en effet, plus contraindre les salariés à partir à la retraite à 60 ans depuis 20114. Cette mesure a d’autant pu inciter les salariés les plus âgés à rester sur le marché du travail et à travailler plus longtemps, d’autant que leur épargne a été rognée par la crise

2-Une nette diminution de la productivité horaire du travail
La modération salariale est également consécutive au recul de la productivité dans le secteur manufacturier et les services depuis le début 2012. Tous secteurs confondus, la productivité horaire est inférieure de 3,7% à celle qui prévalait au début de 2008. Le niveau élevé de l’emploi au regard de l’évolution récente de l’activité contribue pour une large part au recul de la productivité du travail. Toutefois, la faiblesse durable de la demande au regard du volume de l’emploi s’est traduite par une diminution plus structurelle de la productivité. En effet, le maintien en activité de certaines entreprises peu performantes et l’investissement moindre des entreprises ont vraisemblablement érodé d’autant la productivité du travail. Le durcissement des conditions d’accès aux crédits, jusqu’à l’automne dernier, ainsi que le climat d’incertitude, qui pèse davantage sur l’investissement, irrémédiable, que sur l’emploi, s’est accompagné d’un repli de 13% de l’investissement par rapport à la fin 2007, etd’une réduction concomitante du capital par salarié.

Une inflation toujours pénalisante
La progression de la masse salariale (3% en 2012), conjuguée au repli sensible de l’inflation (de 4,5% en moyenne en 2011 à 2,8% en 2012), avait soutenu le revenu réel disponible brut (+1,7%, après -0,8% en 2011) et les dépenses des ménages en 2012 (+1,2%). La contribution des dépenses de consommation à la croissance a, en revanche, été moins marquée au premier trimestre sous l’effet vraisemblablement d’une contraction du pouvoir d’achat des ménages.

Les ménages pourraient de nouveau pâtir d’un recul de leur pouvoir d’achat au cours des prochains mois. En effet, la croissance de l’économie britannique devrait rester insuffisante (+0,8% selon nos prévisions, après +0,3% en 2012) pour générer des tensions sur le marché du travail ainsi que des hausses importantes de salaires. En outre, le taux d’inflation se maintiendra vraisemblablement à un niveau élevé. L’inflation pourrait être moins marquée qu’attendu en début d’année, compte tenu du repli récent des prix de l’énergie etde la modération salariale. Celle-ci, compte tenu des délais entre le recul de la productivité et l’évolution des salaires, pourrait, en effet, permettre d’alléger la pression sur le coût unitaire du travail, en nette progression au cours de ces derniers mois et donc sur les prix au cours des prochains mois. L’inflation devrait, néanmoins, se maintenir nettement au-dessus de l’objectif d’inflation de 2% de la Banque d’Angleterre. La dépréciation de la livre sterling en début d’année (9% par rapport à l’été 2012), la hausse de certains prix administrés5, dont les frais universitaires continueront, en effet, à exercer des pressions haussières sur l’inflation jusqu’en fin d’année. De même, la hausse des prix dans l’alimentation continuera à se diffuser à l’ensemble du secteur au cours des prochains mois. Le taux d’inflation a d’ailleurs rejoint, en mai, les niveaux observés en début d’année (à 2,7%, après 2,4% en avril).

Le maintien de l’inflation à de tels niveaux devrait être préjudiciable à la consommation et à l’économie britannique. En revanche, les tensions inflationnistes que pourrait attiser à terme le retour à une croissance même modeste devraient pouvoir être contenues. Il est difficile d’estimer l’ampleur de la baisse structurelle de la productivité, mais l’accroissement de la demande devrait pouvoir générer de nouveaux gains de productivité et s’accompagner d’une hausse des salaires sans de fortes tensions inflationnistes. Les enquêtes suggèrent d’ailleurs que les entreprises disposent encore de capacités de production excédentaires. Le taux d’activité devrait, par ailleurs, se maintenir à un niveau élevé en raison des mesures prises au cours de ces dernières années. Des effets de base plus favorables devraient de leur côté alléger la pression sur les prix à partir de l’hiver prochain. Le repli escompté de l’inflation en fin d’année devrait dès lors laisser des marges de manœuvre à la BoE, laquelle souhaite poursuivre une politique accommodante jusqu’à ce que la situation économique se soit durablement améliorée.

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