Après avoir déjà connu une excellente année en 2013, les dettes hybrides gardent la cote, tant auprès des émetteurs que des investisseurs, selon une étude de la banque américaine Morgan Stanley relayée par Reuters.
Sur le seul mois de janvier, les entreprises européennes non financières ont placé pour 8 milliards d’euros de dette hybride souligne la banque américaine. Ce montant correspond à un peu plus de 25% du total de 31 milliards d’euros levés sur l’ensemble de 2013.
Une dette hybride est considérée par les normes comptables IFRS et par les agences de notation comme étant en partie du capital et en partie de la dette d’une entreprise donnée. Coincé entre la dette senior et les actions de cet émetteur, leur degré de subordination (ou encore leur absence d’échéance dans le cas d’un emprunt perpétuel pour ne citer que cet exemple) implique la plupart du temps un rating inférieur de deux ou trois crans au rating attribué à la dette senior de l’émetteur.
Cette situation se traduit pour ce dernier par des coûts de financement plus élevés sur la ligne obligataire hybride. En corollaire, l’investisseur peut compter sur un coupon et un rendement plus élevé (en rémunération d’un risque également accru).
Conséquence directe de ce différentiel de rating, les détenteurs de dettes hybrides peuvent se retrouver avec une obligation notée « high yield » mais émise par un émetteur « Investment Grade ». C’est le cas par exemple del’obligation perpétuelle Casino à taux variable. Disponible par coupure(s) de 1.000 euros, cette dette est notée « BB » chez Standard & Poor’s. Casino bénéficie pour sa part d’une notation « BBB- », le dernier échelon de la catégorie « Investment Grade » mais aussi deux crans de mieux que l’obligation perpétuelle.
EDF, Orange et Solvay
Parmi les dettes hybrides placées depuis le début de l'année, on peut citer celles des groupes français EDF et Orange.
EDF a levé en janvier environ 4 milliards d’euros d’émissions hybrides en quatre tranches et trois devises, dont un milliard d’euros avec un coupon fixe de 4,125% jusqu’à la première option de remboursement dans 8 ans ou encore un milliard d’euros avec un coupon fixe de 5% jusqu’à la première option de remboursement dans 12 ans. Ces emprunts sont notés « A3 » chez Standard & Poor’s, trois crans de moins que le « Aa3 » attribué à l’émetteur lui-même.
Toujours en janvier, Orange a collecté pour sa part un milliard d’euros en obligation perpétuelle au taux fixe de 4,25% jusqu’à la première option de remboursement dans 6 ans et un milliard d’euros rémunéré avec un coupon fixe de 5,25% jusqu’à la première option de remboursement en 10 ans. Moody’s note ces obligations « Baa3 » tandis qu’Orange peut compter sur meilleure note : « Baa1 ».
Enfin, il faut remonter à novembre dernier, pour retrouver la trace d’un émetteur belge sur ce segment de marché. Le groupe belge Solvay avait sollicité les investisseurs à travers deux emprunts perpétuels, dont un au coupon fixe de 4,199% jusqu’à la première option de remboursement en mai 2019. Solvay est noté « Baa1 » chez Moody’s et l’obligation à « Baa3 ».