Solide mois de janvier pour les émissions obligataires « High Yield » en euro
L’année 2015 a bien démarré pour le segment de la dette « High Yield » libellée en euro. Les nouvelles émissions ont totalisé 7,3 milliards d’euros en janvier, un montant supérieur de 400 millions à la somme record levée au même mois de l'année 2013.
Pour rappel, les émissions de dette « High Yield » (spéculative) sont celles dont le rating est inférieur ou égal à « Ba1 » chez Moody’s, « BB+ » chez Standard & Poor’s et « BB+ » chez Fitch Ratings.
Les nouvelles émissions du mois de janvier ont eu lieu dans un contexte dégradé par la chute des prix du pétrole et marqué par l’annonce d’un plan massif de rachats d’actifs par la Banque centrale européenne.
La BCE a annoncé le mois dernier qu’elle allait racheter 60 milliards d’euros par mois des titres de dettes aux institutions financières de la zone euro, et ce au moins jusqu’en septembre 2016. La BCE devrait donc injecter plus 1.000 milliards d’euros au total dans l’économie européenne et contribuer à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux assez bas durant un certain temps.
Dans un contexte où les rendements des obligations de bonne qualité (« Investment grade ») vont être tirés encore davantage vers le bas, la recherche de rendement pourrait se traduire par une exposition plus importante des investisseurs aux obligations « High Yield » européennes. De quoi donner également une bouffée d’oxygène pour ces entreprises qui pourraient voir leur taux de financement diminuer.
Dans ce contexte, les investisseurs ont été visiblement tentés de se positionner sur des actifs plus risqués, dans l’espoir d’obtenir un meilleur rendement. Mais ils ont aussi toujours à l’esprit le dépôt de bilan Phones 4U l’été dernier. La faillite du revendeur britannique de téléphonie mobile était venue alors rappeler les risques du « High Yield ». Ceci explique sans doute en partie les conditions d’emprunt observées en janvier.
Pour les dettes notées « B », le rendement à l’émission a été en moyenne de 6,83% en janvier contre 6,56% sur le même mois un an avant. Pour les titres au rating « BB », l’écart de rendement est plus significatif, puisque les émetteurs ont dû concéder en moyenne un rendement à l’émission de 4,55%, soit 0,59% de plus qu’en janvier 2014.
Pour ne citer qu’un exemple, ArcelorMittal (« BB » chez Standard & Poor’s) qui a levé 750 millions d’euros par le biais d’un emprunt d’une durée de sept ans a concédé une prime de nouvelle émission de 0,15%, alors qu’il n’avait rien offert lors de sa précédente opération.
Enfin, les émetteurs qui ont levé de la dette à la fois en euro et en dollar avaient intérêt à privilégier la devise européenne, où le coût d’emprunt était meilleur marché. Si l’on se réfère aux opérations réalisées depuis le début de l’année (comme Altice par exemple), ils ont payé en moyenne 5,33% sur la tranche en euro contre 6,48% pour celle en dollars, contre respectivement 5,43% et 6,08% en l’année dernière. Le différentiel s’est donc élargi, passant de 0,64% à 1,15%.