Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Malgré sa capitalisation de plus de 12 Mds€, Solvay (BR:SOLB) (BE0003470755) est l’une des cinq plus petites capitalisations du CAC40. D’ailleurs, je suis persuadé que bon nombre d’entre vous ne savaient même pas que le groupe belge appartenait au prestigieux indice parisien. Pour ma part, j’ai rarement eu l’occasion d’en parler en radio ou dans diverses chroniques ; comme si la société intéressait finalement peu les investisseurs et commentateurs. Il faut dire que la société évolue dans un secteur assez particulier et étranger au monde boursier (la chimie), et qu’en plus, elle est discrète en termes de communication. Alors pour une fois, je vais vous parler de Solvay et de ses activités. La chimie de spécialité n’est pas un secteur d’investissement dont les gérants raffolent. Technique, cyclique, peu visible… Il est vrai que la chimie de spécialité n’est utilisée que pour la composition de produits finis. Vous n’avez pas de produit visible de Solvay (ou d’un de ses concurrents) ; une activité peut-être difficile à appréhender pour le grand public. C’est vrai que quand je regarde les 40 valeurs du CAC, c’est peut-être une des seules sociétés pour laquelle l’activité n’est pas immédiatement visible, identifiable (avec Atos et Cap Gemini (PA:CAPP) éventuellement).
Pourtant, on retrouve les activités du groupe dans de nombreux secteurs de la vie courante. Par exemple, un des gros marchés de Solvay est le secteur automobile (28% du chiffre d’affaires). Solvay propose des produits qui permettent d’améliorer l’efficacité de la propulsion grâce à des solutions de contrôle thermique et de protection contre la corrosion. Dans l’agroalimentaire (10% du chiffre d’affaires), Solvay fournit des produits qui protègent les récoltes, améliorent les rendements… ou produit même des arômes de vanille, ce qui réduit la teneur en sucre et en graisse du produit final. Enfin, dans l’industrie (18% du chiffre d’affaires) Solvay propose un polymère utilisé dans les impressions 3D. Solvay est donc présent dans notre vie quotidienne sans pour autant que l’on s’en aperçoive. Et à mon avis, c’est ce qui pénalise le titre car les fondamentaux sont bons. Le chiffre d’affaires est en hausse de 9,7% sur le premier trimestre, à quasiment 3 Mds€ ; l’Ebitda bondit de 12% à 616 M€ (soit une marge d’Ebitda supérieure à 20%) ; le free cash flow s’élève à 164 M€, celui-ci est nettement supérieur aux prévisions de tous les analystes. Autant dire que les prévisions les plus optimistes devraient être largement dépassées sur l’ensemble de l’exercice ! Par ailleurs, le groupe pourrait renouer avec de grosses opérations de croissance externe après avoir cédé de nombreux actifs non stratégiques ces derniers mois. Avec 6,6 Mds€ de dette et des capitaux propres d’environ 10 Mds€, Solvay n’aurait aucun mal à mobiliser quelques milliards pour de nouvelles acquisitions – traditionnellement, le secteur a des gearings (ratio endettement net sur fonds propres) assez élevés.
Malgré cette discrétion, le titre a pris plus de 80% depuis son point bas de début 2016.
Mais à plus de 120€, le titre butte pour la deuxième fois sur un plus-haut historique (la première fois, c’était en avril 2015), et semble se replier depuis. Comme de nombreuses entreprises du CAC40, la société est bien valorisée désormais… et je ne vois pas comment elle pourrait aller beaucoup plus haut. Elle se paye sur un PER de 19 et dégage un rendement de 3%…. Mais bon. Toutes les valeurs du CAC40 sont très toppish... mais continuent quand même de monter.