
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Donald Trump a tenu une conférence de presse mercredi soir et il a fait du Trump : en substance, la crise du coronavirus n’existe pas, les Etats-Unis sont loin de la pandémie et le pays est paré à toute éventualité. Et si les Américains ont peur, c’est à cause Nancy Pelosi, des démocrates et de CNN qui tentent de semer la panique sur les marchés.
Le cœur du message du président américain, c’est que les démocrates représentent une menace bien plus redoutable que le coronavirus, une thèse manifestement loin d’être partagée par les investisseurs.
Le locataire de la Maison-Blanche prenait la parole au lendemain d’un direct de Larry Kudlow sur CNBC, durant lequel son principal conseiller économique a en particulier soutenu que « la crise du coronavirus (était) contenue aux Etats-Unis ».
Il est vrai qu’avec 80 cas déclarés dans l’ensemble d’un pays de 320 millions d’habitants qui compte plusieurs milliers d’hôpitaux et des centaines de services de virologie, spécialisés dans les maladies infectieuses, la situation est loin d’être alarmante. Et même si la pandémie devait représenter quelques milliers de cas, et qu’il fallait maintenir les patients les plus sévèrement atteints à l’isolement total, cela resterait parfaitement gérable au vu des colossales capacités de prise en charge du système de santé américain.
Mais voilà, le « Covid-19 » a débordé du cadre de la seule sphère du médical pour prendre une dimension psychologique majeure qui se traduit par une inflexion radicale du vocabulaire du personnel politique. C’est ainsi que ce même Larry Kudlow, au cours de la même interview, a déclaré que « l’épidémie ne sera pas une tragédie ». Dans le climat actuel, ses auditeurs ont vite occulté la négation pour ne retenir que le terme « tragédie », alors qu’il existait bien d’autres manières de relativiser la menace ou simplement d’en rester à l’affirmation que le problème était pris très au sérieux.
Larry Kudlow s’est en revanche peut-être beaucoup avancé en affirmant que « l’économie américaine affiche une santé éclatante et peut échapper à une récession mondiale ». Et de poursuivre : « Le PIB américain continue de croître à un rythme de 2,6% par an et il n’y a pas de ruptures d’approvisionnement constatées, ni en médicaments, ni en composants pour l’industrie. »
Tel n’est pas l’avis du patron de Macy’s, qui a tiré la sonnette d’alarme hier soir, et s’il y a bien un domaine où plus personne ne peut prétendre pouvoir faire des prévisions fiables, c’est bien l’évaluation de l’impact économique d’une pandémie mondiale.
Un climat de psychose
Pour l’heure, les seules mesures dictées par le principe de précaution ont déjà pratiquement mis à l’arrêt les activités touristiques et aériennes dans des pays qui représentent le tiers des habitants de la planète… et ce n’est peut-être qu’un début.
Devant se tenir dans cinq mois, les Jeux Olympiques d’été de Tokyo paraissent quant à eux menacés. En tout état de cause, ils seront probablement annulés si la Chine, la Corée du Sud et quelques pays européens demeurent empêtrés dans des mesures de quarantaine… et/ou si l’Oncle Sam décide de ne pas envoyer d’athlètes au motif que des Etats participants ne maîtrisent pas la situation épidémique en interne.
Dans ce scénario, le Japon aura investi des milliards de dollars en pure perte.
Dans un autre registre, si des milliers de salles de cinéma restent fermées pendant des semaines et des mois en Chine, en Asie et en Europe, comment l’industrie cinématographique y survivra-t-elle ? Quid également des croisiéristes ? Après le dramatique précédent du Diamond Princess, combien de millions de touristes potentiels ne voudront pas prendre le risque de se retrouver prisonnier dans leur cabine, alors que plus aucun port ne veut accueillir un paquebot hébergeant des personnes jugées contagieuses ?
En Bourse, les trois géants du secteur ont fini aux trois dernières places du S&P500 hier, avec des replis de l’ordre de 8% sur Royal Caribbean Cruises et sur Norwegian Cruise, et de 7,5% sur Carnival (LON:CCL) Cruise.
Plus près de chez nous, des clubs de vacances aux Canaries ont pris des mesures de confinement de contingents entiers de touristes dans leur chambre parce que ces derniers ont pris le même avion qu’une personne que l’on soupçonne simplement d’être contaminée.
La simple suspicion a donc des effets aussi dévastateurs – psychologiquement et économiquement – que si les autorités politiques décrétaient un mois de congés dans les usines comme en Chine (de quoi dépasser la période d’incubation) ou bouclaient des villes entières comme en Italie (mêmes mesures drastiques qu’en Chine : écoles et lieux publics fermés, routes barrées, ravitaillement contingenté, tests de dépistage quasi-systématiques…).
En Lombardie, ce sont des milliers de salariés qui se retrouvent aujourd’hui empêchés de rejoindre leur lieu de travail, mais imaginons que l’on change soudain d’échelle et que des millions de salariés se retrouvent confinés à travers toute l’Europe. Auquel cas, ce sera une véritable ruée dans les supermarchés pour se procurer des produits du quotidien et des aliments indispensables.
Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit puisqu’il est désormais quasi-impossible de trouver des masques de norme « FFP2 » dans les pharmacies, avec des prix parfois multipliés par 10.
Et même s’ils devaient être multipliés par 100, il existera toujours des acheteurs, parce que face à un mal inconnu et potentiellement mortel (et même si le risque n’est que de 2% environ selon les statistiques chinoises), se protéger pour ne pas être contaminé relève du domaine du « TINA » que connaissent bien nos gérants à la pointe de la gestion quantitative : There Is No alternative.
L’exemple des masques « FFP2 » rappelle les mécanismes qui peuvent mener à de l’hyperinflation dans le monde réel, alors qu’il reste cantonné depuis onze ans dans la sphère virtuelle des marchés financiers.
Et pour en terminer avec le vocabulaire anxiogène de l’interview de Larry Kudlow, ce dernier s’est dit convaincu que « la FED ne va pas prendre de décision panique (« panic decision ») de baisse de taux pour prévenir une chute des marchés… en proie à un épisode de stress ».
Là encore, le cerveau d’un gérant, mais également des logiciels qui analysent les communiqués de la Réserve fédérale, les rapports d’activité, le « buzz » sur Internet ne retiendront qu’une chose : le mot « panique », situé à quelques dizaines de caractères d’imprimerie du mot « coronavirus ».
Terminons sur une note un peu plus légère et sur ce bon mot de Carlos Tavares, le PDG de Peugeot (PA:PEUP) lors d’une interview sur BFM hier en fin de matinée (alors que je venais juste de quitter le plateau d’Intégrale Placement en compagnie de Julien Nebenzahl) : « Moins on vend de voitures en Chine, moins on perd d’argent. »
J’ai quitté les locaux de la chaîne avec un large sourire… et je me suis dit que c’est une maxime dont Elon Musk, l’inénarrable patron de Tesla (NASDAQ:TSLA), ferait bien de s’inspirer !
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