Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Beaucoup de bruit en fin de semaine dernière autour de la publication des résultats trimestriels de Tesla (NASDAQ:TSLA). Le titre a perdu près de 8%, dans la foulée… avant de rebondir fortement et, au final, il s’en sort plutôt bien au regard des chiffres publiés.
Tesla, dégradé en junk bond
On passera sur le chiffre d’affaires (3,41 Mds$), qui ressort effectivement un peu meilleur que prévu (3,28 Mds$ attendus). Ce qui chagrine surtout les analystes, ce sont les pertes qui continuent de s’accumuler : 709,6 M$ de pertes rien qu’au premier trimestre. De fait, Tesla continue de brûler du cash comme jamais et devra obligatoirement faire appel au marché (avant la fin de l’année) pour aller chercher de l’argent frais – ou alors se déclarer en faillite puisqu’il ne lui reste que 2,7 Mds$ dans les caisses.
C’est en tout cas ce sur quoi grand nombre d’experts financiers tablent et le blason de Tesla en prend pour son grade : l’agence de rating Moody’s a abaissé la notation de crédit du groupe à « B2 », avec perspective négative ce qui la place dans la catégorie des junk bonds. Moody’s a aussi calculé que Tesla allait avoir un besoin rapide de 2 Mds$ pour juguler l’effondrement de la trésorerie. C’est gigantesque.
Bref, tout va se jouer sur sa capacité à réussir le test industriel de production de son Model 3.
Pour mémoire, il y a deux ans, son business plan tablait sur une production de 10 000 véhicules Model 3 par semaine. C’est sur cette base que l’action a été évaluée et s’est envolée. Depuis, Tesla n’a fait que réviser ses prétentions à la baisse : elle peine à sortir 3 000 unités par semaine – mais évidemment, promet (encore) que cela n’est que temporaire et que le volume pourra monter à 5 000 à la fin du deuxième trimestre 2018, que les profits commenceront à perler à partir de la deuxième moitié de l’année.
L’important, c’est d’y croire, n’est-ce pas ?
C’est ce que semblent penser les investisseurs, qui s’accrochent à leur héro : malgré toutes ces mauvaises nouvelles, retards, warnings… le titre n’a reculé que de 25% depuis ses plus hauts de septembre 2017. Alors que croire ? Comment suivre l’évolution du dossier Tesla et comment gérer la position ?
Déjà, vous vous en doutez, ce titre est éminemment spéculatif et il faut s’attendre à des annonces (plus ou moins officielles) concernant les progrès (ou pas) de la production du Modèle 3. De ce fait, la volatilité risque de monter sans prévenir. Si vous préférez investir plutôt que spéculer, je déconseille ce genre de titre. Maintenant, si vous détenez une position, l’analyse graphique peut peut-être vous aider. Allez, prenons un graphique :
La tendance de fond, en place depuis 2013, est toujours haussière entre la résistance du canal (rouge) et son support (vert) ;
Un plus haut a été marqué en 2017 vers 390 $. Un double top c’est validé sur la résistance (rectangle horizontal rouge « R ») dont le niveau correspond une fois de plus à la projection d’un report d’amplitude (flèches verticales orange) ;
Depuis, la tendance de moyen terme est passée à négative au sein d’un petit canal baissier (le canal rouge avec les support et résistance en pointillés) et elle le restera évidemment tant que les cours resteront dans ce canal.
Dans l’immédiat, le niveau important est celui du pivot (« P ») vers 290$, niveau auquel les cours se sont accrochés après une première alerte baissière qui a enfoncé cette zone pivot : le marché a alors lâché Tesla pour rebondir une fois le support du canal baissier touché. En résumé : tendance de fond haussière / tendance de moyen terme baissière : qui va l’emporter ?
Concrètement, que faire et comment gérer vos positions
Si vous avez des positions haussières, et si vous acceptez un risque de perte (supplémentaire ?) d’une quinzaine de pourcents, alors vous pouvez conserver tant que le support de long terme tient bon ;
si vous avez des positions baissières, conservez-les tant que le cours évolue dans le canal baissier et que le point pivot P est testé ;
si vous n’avez pas de position (ouf, meilleure des situations), la meilleure chose à faire est d’attendre que les haussiers et baissiers règlent leur compte.
Maintenant, si vous voulez faire du trading, vous amuser, vous donner des sueurs froides ou gérer vos positions au plus près, il faut descendre sur une vue plus rapide : celle donnée par l’unité de temps journalière.
J’ai reporté le canal baissier de moyen terme de la vue précédente (en clair). En journalier, nous avons en plus un canal haussier depuis 2015 (ce n’est pas le même que celui de la vue hebdomadaire). Lors de la dernière attaque baissière et la cassure du pivot hebdomadaire (« P.H ») les prix ont rebondi pile à l’intersection de ces deux supports graphiques.
Au niveau technique, vous pouvez suivre les signaux donnés par la MACD (attention, elle est paramétrée à 12 / 26 / 9), tout en se plaçant uniquement sur les signaux de retournement déclenchés sur les axes de propagation (voir les flèches pour montrer les points de trade que cette approche permet de trouver). Mais attention : lors des prochaines nouvelles, le titre risque de décaler tellement vite que sauf à rester scotché derrière votre écran, suivre le mouvement va être difficile.
Allez, bonne semaine allégée !
Gilles,