Le scandale de corruption qui secoue Petrobras (SA:PETR4) et la chute des prix pétroliers dépriment le cours des emprunts du géant brésilien. En parallèle, les rendements évoluent à des sommets.
Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation Petrobras Global Finance d’une maturité égale au 14 janvier 2021 est disponible largement sous le pair à 87% du nominal. Son rendement atteint 6,45% sur base d’un coupon de 3,75%. Les ratings sont de « Baa2 » chez Moody’s et « BBB- » chez Standard & Poor’s. La coupure de négociation s’élève à 100.000 euros.
Outre la chute du pétrole, le groupeà ses plus bas historiques brésilien est également confronté depuis plusieurs semaines à un vaste scandale de corruption. Il a éclaté peu avant les élections présidentielles d’octobre dernier, déclenchant une importante enquête policière baptisée Lava Jato (lavage rapide). Celle-ci a débouché sur des poursuites pour corruption, blanchiment ou encore association de malfaiteurs. Un montant de quatre milliards de dollars aurait été blanchi en dix ans.
En attendant d’y voir plus clair, Petrobras a déjà reporté à deux reprises la publication de ses résultats. La perspective de voir l’entreprise comptabiliser des réductions de valeur a provoqué de fortes tensions sur les rendements des obligations de la compagnie pétrolière.
Dilma Rousseff, réélue à la présidence brésilienne, a déclaré que toute la lumière serait faite. « Petrobras est une entreprise stratégique pour le Brésil, celle qui investit le plus et emploie le plus de monde. Nous allons enquêter rigoureusement sur les erreurs commises et renforcer un peu plus l’entreprise ».
"Le gouvernement aidera Petrobras à financer ses opérations"
Certains analystes jugent injustifiées les inquiétudes des créanciers, restant optimistes. Le gouvernement aidera Petrobras à financer ses opérations durant le temps de l’enquête estime Omar Zeolla analyste chez Oppenheimer. « Une fois que les choses seront plus claires, cela ira mieux pour les emprunts », a-t-il expliqué à Bloomberg. « Le Brésil a la capacité de financer l’entreprise si nécessaire », a renchéri Danilo Onorino, gestionnaire de fonds chez Dogma Capital SA.
Mais pour Alberto Ramos, économiste en chef pour l’Amérique latine chez Goldman Sachs, les autorités réfléchiront à deux fois avant de prêter à Petrobras, alors qu’elles doivent gérer un important déficit budgétaire. La principale économie d’Amérique latine est également confrontée aux difficultés de ses partenaires commerciaux, comme l’Argentine, à la chute des prix du pétrole et à une croissance quasi nulle l’année dernière. Le PIB avait progressé de 7,5% en 2010.