L’entreprise sidérurgique russe Evraz vient de lever 750 millions de dollars, à travers l’émission d’un emprunt arrivant à échéance en janvier 2021 assorti d'un coupon de 8,25%. L’obligation est désormais disponible sur le marché secondaire.
L’investisseur peut l’acheter ce lundi à un cours de 99,50% du nominal, correspondant à un rendement d'un peu plus de 8,35%.
L’obligation, disponible par coupure(s) de 200.000 dollars, ne bénéficie d’aucun rating chez Standard & Poor’s. Evraz Group SA par contre est noté « BB- » (« High Yield ») chez S&P. La perspective associée à cette note est négative.
Devise d’émission oblige, l’investisseur supporte donc un risque de change.
Cette ligne obligataire affiche une rémunération particulièrement élevée, mais elle est le reflet d’un secteur minier sous pression. Le secteur, particulièrement sensible à l’évolution de l’économie chinoise, subit de plein fouet le ralentissement de plus en plus marqué de la croissance en Chine. Il se traduit par une chute du prix des matières premières. En parallèle, les entreprises doivent gérer un endettement important, conséquence des investissements réalisés ces dernières années. Combinés ensemble, ces facteurs plombent la rentabilité des groupes comme Evraz et leur bilan financier en est affecté.
Rating sous pression chez Moody's
Le 27 novembre dernier, Moody’s indiquait dans une note de recherche anticiper une dégradation des ratios financiers d’Evraz Group SA sur les 12 à 18 prochains mois. Principal motif : la faiblesse des prix pour l’acier en Russie, en Amérique du Nord et pour les marchés à l’exportation.
Le rating d’Evraz Group SA chez Moody’s est de « Ba3 » (« High Yield »), assorti d’une perspective stable.
Contrôlé par l’oligarque et multimilliardaire Roman Abramovich, Evraz est un groupe d'origine russe. La compagnie sidérurgique pourrait à ce titre souffrir d’une certaine méfiance de la part des investisseurs. Pour rappel, l’invasion de la Crimée par Vladimir Poutine a incité les autorités américaines et européennes à prendre, en représailles, une série de sanctions à l’encontre de la Russie. Parmi celles-ci, l’interdiction pour plusieurs entreprises de placer de la dette sur les marchés obligataires européen et américain. Précisons qu’Evraz n’est pas spécifiquement touché par ces mesures de rétorsion.
L’entreprise est présente dans l’acier, l’exploitation minière ou encore la production de vanadium. Elle dispose d’implantations en Russie, en Ukraine, aux États-Unis, au Canada ou encore en Italie et en Afrique du Sud, pour ne citer que ces exemples.
Le groupe Evraz a réalisé un chiffre d’affaires de 13 milliards de dollars l’année dernière. Il emploie 100.000 personnes.