Aujourd'hui, je vais m'intéresser au cas Vivendi (PA:VIV) car autour de 15,50-17 €, le titre est non seulement sur des plus-bas quasi historiques mais, du coup, est également aussi sur un gros support. En effet, les seules fois où le titre est passé sous cette zone des 15,50-17 €, c'était en 2002-2003 et 2011-2012.
Aujourd'hui, le titre est de nouveau dans cette zone dangereuse : vous voyez sur le graphique mensuel, ci-dessous ? Chaque barre représente un mois. Eh bien Vivendi a clôturé le mois de février) 16,65 €.
Ce matin, alors que le CAC40 est très fort et gagne plus de 1,15% ce matin, Vivendi ne gagne que 0,15%.
Il faut le dire, entre annus horribilis et saga judicaire, il y a beaucoup à dire sur la multinationale spécialisée dans les contenus et les médias... Alors dressons l'état des lieux et voyons si, au niveau des fondamentaux, le titre a de quoi rebondir ou bien... repasser sous cette zone support si importante.
Vivendi dans les affres de Canal+
2016 fut de bien piètre facture pour Vivendi. On peut même parler d'annus horribilis... (En même temps, le groupe en a plusieurs à son actif...) Mais les résultats de Vivendi se sont avérés franchement mauvais : si son chiffre d'affaires est resté relativement stable, à 10,8 Mds€, le résultat net part du groupe, lui, a plongé de 35%, à 1,3 Md€.
Dans le détail, Canal Plus pèse dans les comptes : son chiffre d'affaires a reculé de 4,7% l'an dernier, à 5,2 Mds€. Les abonnés désertent la chaîne cryptée en nombre (-492 000 sur 1 an en France !) soit une perte opérationnelle qui se chiffre à quelque 399 M€... Et le chiffre d'affaires d'Universal Music Group, en hausse de 4,4% à 5,3 Mds€, ne suffit pas à rassurer les investisseurs qui s'attendaient à des chiffres supérieurs.
De plus, à l'image de la base d'abonnés de Canal+, la trésorerie de Vivendi se réduit comme peau de chagrin, retombant ainsi à 1,1 Md€ fin 2016 contre 6,4 Mds€ fin 2015 (-82% !). Une très forte baisse que l'on peut expliquer notamment par les acquisitions et investissements du groupe, mais aussi par sa politique de dividendes et de rachat d'actions dans une quête quasi-désespérée pour contenir la chute du titre et fidéliser les investisseurs.
Alors oui, la direction s'est montrée rassurante lors de la présentation des résultats, évoquant notamment une prochaine éclaircie pour Canal Plus depuis la signature d'accords avec Free et Orange pour intégrer certaines chaînes dans leurs bouquets de télévision.
Pour autant, pour moi, l'action manque clairement de catalyseurs et le groupe est sur une mauvaise pente. En plus, même aux cours actuels, donc en tenant compte de la chute longue et régulière du titre, la VE/EBIT (l'indicateur le plus fiable pour le secteur), est de 18... : le titre est assez cher. Et ce, d'autant que le dividende, s'il a été maintenu, a été sévèrement revu à la baisse, passant d'1 € par action à 0,40 € (-60% !).
Bolloré et Berlusconi en chiens de faïence
Et, pour ne rien arranger, Vivendi semble complétement englué dans le dossier Mediaset, le groupe de Silvio Berlusconi. Aux dernières nouvelles, le parquet de Milan aurait ouvert une enquête autour de Vincent Bolloré. On soupçonne en effet l'homme d'affaires breton de manipulation de marché lors de la montée au capital de son groupe dans le groupe de médias italien...
La guerre est donc déclarée avec Silvio Berlusconi qui n'avait d'ailleurs pas supporté la montée au capital de Vivendi, à près de 30%... Difficile d'envisager une Paix des braves entre ces deux fortes têtes de l'audiovisuel européen... Et c'est précisément ce qui inquiète les marchés qui détestent que les batailles financières se déplacent sur le terrain judiciaire.
Bref, vous l'avez compris, il n'y a aucune raison d'acheter Vivendi actuellement. Je ne vois pas le titre rebondir sur ce support, car les seuls catalyseurs que je repère... sont à la baisse.