Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Si le confinement vous a converti au télétravail, de gré ou de force, si vous êtes un grand « consommateur » de meetings professionnels et autres réunions d’ordre privé, vous avez sans doute déjà entendu parler de Zoom, ou plus précisément de Zoom Video Communications.
Fondée en 2012 par le sino-américain Eric Yuan, devenu depuis milliardaire, la société a été l’une des vedettes de la pandémie de Covid-19 et de la généralisation des quarantaines qui en a découlé.
Si des débats sont apparus concernant la sécurité et le respect de la vie privée des utilisateurs, d’où peut-être des ajustements à réaliser dans le futur, on peut d’ores et déjà parler de grande réussite économique pour cette entreprise californienne qui a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 169% en rythme annuel au premier trimestre à 328 M$.
De même, les revenus devraient s’établir dans une fourchette comprise entre 1,78 et 1,80 Md$ cette année, soit près du double des estimations réalisées avant les confinements. Avec un bénéfice net de 27 M$ sur la période janvier-mars, la rentabilité est par ailleurs au rendez-vous, même si la marge brute a reculé de 12 points de base sur la période à 68%, ce qui est également révélateur d’une forte progression des coûts.
Une capitalisation boursière astronomique
Qu’à cela ne tienne : payant pour les entreprises, le logiciel de visioconférence est aussi parvenu à attirer des clients qu’on n’aurait pas forcément soupçonnés de prime abord, comme les écoles ou encore les professeurs de yoga.
On peut tout de même se demander si le marché n’est pas trop gourmand, alors que l’action a bondi de… 230% depuis le début de l’année, d’où une capitalisation boursière astronomique de 58 Mds$. Pour un peu, on se croirait revenu au temps de la bulle Internet des années 2000, à ceci près qu’il n’y avait en général pas de rentabilité à la clef.
Reste que le titre se paie 32 fois son chiffre d’affaires aux niveaux actuels, un multiple extrêmement élevé et qui sous-entend un carnage boursier à la plus petite déconvenue.
Je suis enclin à penser que ce dossier est suracheté, mais les brokers ne partagent manifestement pas mon scepticisme. Bank of America (NYSE:BAC) vient ainsi de relever son objectif de cours de 165 à 240$, Citigroup (NYSE:C) ayant rehaussé le sien de 186 à 217$.
L’avenir nous dira s’ils pèchent ou non par excès d’optimisme…