Les enchères de blocs pétroliers offshore au Brésil, très attendues par les grandes compagnies étrangères, ont commencé avec plusieurs heures de retard vendredi après avoir été bloquées par un juge à la demande de l'opposition de gauche.
Les enchères portant sur huit blocs pré-salifères prometteurs, qui pourraient rapporter plus de 2 milliards d'euros à l'Etat, ont pu démarrer près de Rio en présence des représentants des majors, après un psychodrame juridique et avec plus de deux heures de retard.
"Je rends hommage aux efforts faits (par les avocats du gouvernement) pour maintenir ses enchères", a déclaré le président de l'Agence nationale du pétrole (ANP), Décio Oddone, après que le gouvernement a pu faire lever l'injonction du juge.
"Nous avons montré que le Brésil a une sécurité juridique", a-t-il lancé à l'égard des nombreux investisseurs étrangers présents dans un hôtel chic de la zone balnéaire de Barra da Tijuca, à l'extérieur de Rio de Janeiro.
Saisi par un regroupement de syndicats et l'opposition de gauche du Parti des travailleurs (PT) estimant que ces enchères revenaient à brader la richesse nationale, le juge Ricardo Augusto de Sales avait pris une injonction bloquant les adjudications.
Il avait expliqué vouloir éviter "les dommages au patrimoine public, particulièrement au vu des montants envisagés" de mise aux enchères.
Mais le gouvernement a rapidement saisi la justice et a réussi à faire lever cette injonction pour mener à bien des enchères sur lesquelles il compte beaucoup pour commencer à renflouer les caisses vides de l'Etat.
Huit blocs devaient être proposés lors de deux séries d'enchères qui pourraient rapporter à l'Etat 7,75 milliards de réais (2,09 milliards d'euros) de "bonus à la signature", puis beaucoup plus ensuite avec les accords de partage de production.
Quatre ans après les dernières enchères de pré-salifères, 16 compagnies pétrolières doivent participer à ces adjudications, dont les majors ExxonMobil (NYSE:XOM) et Shell (AS:RDSa).
- Enorme potentiel -
Les blocs du "pré-sal" (gisements enfouis sous une épaisse couche de sel) ont un énorme potentiel, tout en posant d'immenses défis sur le plan technologique pour des forages dans les profondeurs de l'Atlantique à un moment où le marché pétrolier mondial est déprimé.
Mais le président brésilien, Michel Temer, a modifié les règles pour rendre les enchères plus attrayantes.
Il a mis fin à l'obligation qui était faite jusqu'à présent aux compagnies étrangères de laisser Petrobras (SA:PETR4) - compagnie étatique qui émerge à peine d'un gigantesque scandale de corruption - être l'opérateur et détenir au moins 30% dans les blocs de pré-salifères.
Cette disposition ouvre plus grand la porte pour les compagnies étrangères au Brésil. Les vainqueurs des enchères seront les plus offrants pour le gouvernement dans le cadre des accords de partage de production.
Le produit des enchères doit apporter une bouffée d'oxygène à Brasilia, qui a lancé un vaste programme de mesures d'austérité et de privatisations afin de remettre l'économie sur les rails, après deux années de récession historique.
Ces enchères ont été critiquées par la gauche brésilienne. Jeudi, c'était la présidente de gauche, Dilma Rousseff, destituée en 2016, qui était montée au créneau en écrivant dans un tweet: "le Brésil cède le pétrole aux étrangers au prix des bananes".
Le 27 septembre, les enchères de 287 blocs pétroliers au Brésil s'étaient soldées par un succès largement supérieur aux attentes du gouvernement, rapportant plus de 1 milliard d'euros, un record historique.
L'américain ExxonMobil avait été un des acteurs majeurs de ces enchères, en s'associant notamment à Petrobras pour s'assurer l'obtention de six blocs offshore dans la zone de Campos, où de nombreux spécialistes voient un fort potentiel pour de nouveaux gisements de pré-sal.
Au total, le gouvernement espère obtenir plus de 80 milliards de dollars (environ 68 milliards d'euros) lors des ventes échelonnées jusque fin 2019.