Le géant italien de l'énergie Enel (MI:ENEI) doit voter lundi l'intégration en son sein de sa filiale énergies renouvelables, confirmant le virage vert engagé depuis 2014 par le groupe face à une conjoncture difficile, un mouvement salué par son ancien détracteur Greenpeace.
Les actionnaires d'Enel Green Power (EGP), actif dans le domaine de l'énergie éolienne, solaire, hydroélectrique, géothermique et issue dee la biomasse, ont approuvé à 98,86% cette opération lors d'une Assemblée générale lundi à Rome.
Les actionnaires d'Enel doivent se prononcer lors d'une autre AG convoquée à 17H00 (16H00 GMT).
A la faveur de l'opération, qui doit être mise en œuvre d'ici fin mars, EGP sera contrôlée à 100% par Enel, contre 68,3% actuellement.
"Enel Green Power est un des moteurs de la croissance du groupe, et il sera ainsi placé au cœur de notre business model", a récemment affirmé le PDG d'Enel, Francesco Starace, ex-directeur général d'EGP qui a fait opérer au groupe un véritable virage stratégique depuis son arrivée à sa tête au printemps 2014.
De 2016 à 2019, sur les 17 milliards d'euros d'investissements de croissance prévus par Enel, près de la moitié sera ainsi consacrée aux énergies renouvelables.
Et selon le nouveau plan stratégique présenté par M. Starace, la part des énergies renouvelables dans les capacités de production du groupe s'élèvera à 52% en 2019, contre 38% en 2014, avec une hausse de l'éolien et du solaire.
Le groupe a décidé de fermer peu à peu ses centrales à énergie fossile -- 23 doivent l'être en Italie d'ici 2019 -- et a annulé des projets de construction en Italie et au Chili.
- 'Bonne nouvelle pour l'environnement' -
Parallèlement, Enel se réorganise. Tout en accélérant son développement en Amérique du Sud, le groupe s'est engagé dans une vaste politique de cessions d'actifs d'un montant de 6 milliards d'euros, en particulier en Europe de l'Est.
"Francesco Starace est en train de remodeler le business model d'Enel dans la bonne direction", a déclaré à l'AFP le directeur exécutif de Greenpeace en Italie, Giuseppe Onufrio.
"Il est difficile de voir des changements du côté des grands acteurs. Enel est le tout premier à changer" dans de telles proportions, ce qui est "une bonne nouvelle pour l'environnement et un bon exemple pour les autres", a-t-il ajouté.
Cela montre que le changement "peut être mis en œuvre", a-t-il insisté, en rappelant "les longues relations conflictuelles" entre Greenpeace et Enel. De 2006 à 2014, ils se sont affrontés à neuf reprises devant les tribunaux, l'association accusant en particulier les centrales à charbon du géant de l'énergie de nuire à l'environnement et de provoquer des décès prématurés.
Le changement de cap a été amorcé alors qu'Enel voyait en 2014 son bénéfice net s'effondrer de 84%, à 517 millions d'euros, et son chiffre d'affaires baisser de 3,7%, à 75,8 milliards d'euros.
En 2015, la situation s'est redressée: sur les neuf premiers mois, les ventes ont progressé de 3,6% et le bénéfice net de 7,3%. Mais la conjoncture reste difficile.
Les concurrents d'Enel ont aussi amorcé des changements alors que beaucoup sont à la peine face à la concurrence des énergies renouvelables --fortement subventionnées en Europe-- et des prix de gros du courant au plus bas en Europe, qui affecte la rentabilité des centrales traditionnelles.
Le géant allemand EON, qui a enregistré une perte colossale de 7 milliards d'euros au troisième trimestre, doit se scinder en deux début 2016. Et son compatriote RWE (DE:RWEG), propriétaire du plus gros parc de centrales à charbon d'Europe, va transférer les énergies renouvelables, les réseaux et la distribution dans une nouvelle filiale.
Le français Engie (ex-GDF Suez) a pour sa part annoncé réfléchir "activement" à la cession de ses centrales thermiques aux Etats-Unis, en Europe et dans toutes les zones matures, afin d'investir en priorité dans les énergies renouvelables.