Schneider Electric (PA:SCHN), moins optimiste sur la croissance de ses revenus à moyen terme, souhaite renforcer ses efforts de réduction de coûts et, pour se recentrer sur son coeur de métier, envisage la vente de sa filiale DTN.
Le géant des équipements et services électriques, qui s'attend à un ralentissement au Royaume-Uni du fait du Brexit et à la persistance de difficultés dans les pays producteurs de pétrole, n'anticipe désormais plus que 3% de croissance organique moyenne au cours des trois prochaines années contre une fourchette de 3% à 6% auparavant, selon un communiqué diffusé jeudi à l'occasion de sa journée investisseurs.
Dans ce contexte macro-économique morose, il compte mettre les bouchées doubles sur l'amélioration de sa rentabilité, en accentuant son programme de réduction des coûts des fonctions supports pour 2015-2017, visant une fourchette comprise entre 700 et 800 millions d'euros contre seulement 600 millions prévus jusqu'à présent.
L'objectif global de réduction des coûts pour 2015-2017, fixé début 2015 dans son programme stratégique, se situe donc désormais entre 1,7 milliard et 1,8 milliard d'euros.
Schneider vise toutefois désormais d'ici 2019 une hausse de sa marge opérationnelle (marge d'ebitda ajustée) située entre 20 et 50 points de base, "soit un taux de marge compris entre environ 14,7% et 15,6%" d'ici cette date, décrypte un courtier parisien, contre une fourchette précédente comprise entre 13 et 17%.
Associés aux nouveaux efforts annoncés pour améliorer la rentabilité, ces résultats "mitigés", selon le courtier parisien, ont déçu le marché, l'action Schneider perdant 1,85% à 60,92 euros à 10H01 (08H01 GMT) dans un CAC en hausse de 0,20%.
La branche Infrastructure (réseaux électriques, etc.), la moins rentable, fera l'objet d'un effort particulier, avec une plus grande sélectivité des projets, qui devrait avoir un impact négatif de 400 à 450 millions d'euros sur le chiffre d'affaires.
Souhaitant "continuer d'optimiser son portefeuille" pour se concentrer sur son corps de métier, Schneider Electric a aussi engagé un examen stratégique de sa filiale américaine spécialisée dans la fourniture de données pour l'agriculture DTN.
La cession de cette activité, entrée dans le giron de Schneider Electric en 2011, avait été évoquée en août par l'agence Bloomberg News qui mentionnait alors une valorisation pouvant aller jusqu'à 1,5 milliard de dollars.
- Objectifs confirmés pour 2016 -
Le groupe a en revanche confirmé ses objectifs, certes modestes, pour l'année 2016, même si son chiffre d'affaires s'est replié au troisième trimestre sous l'effet de ses marchés industriels, notamment au Moyen-Orient, de cessions et des variations de changes.
De juin à septembre, ses revenus ont atteint 6,064 milliards d'euros, en baisse de 8% en données publiées et un peu inférieurs aux attentes du consensus d'analyste réalisé par FactSet (6,148 milliards).
Le groupe met en avant la quasi stabilité de la croissance sous-jacente, qui exclut l'impact d'un nombre de jours ouvrés moins importants ce trimestre et la stratégie de sélectivité des projets entamée cette année.
Ce trimestre est "en ligne avec nos attentes", a assuré Emmanuel Babeau, le directeur financier, lors d'une conférence téléphonique.
Pour 2016, le groupe vise une croissance organique sous-jacente attendue "quasi stable" avant impact de la stratégie de sélectivité des projets et une progression de la marge opérationnelle comprise entre 60 et 90 points de base, avant effet de change.
Sur le trimestre écoulé, le Moyen-Orient a été particulièrement difficile, avec le quasi arrêt de l'activité en Turquie du fait de la tentative avortée de coup d'Etat et d'annulations ou reports de gros projets dans le Golfe.
M. Babeau a dit s'attendre encore à "plusieurs trimestres de difficultés" dans cette zone.
Le vote sur le Brexit ne devrait se faire sentir que l'an prochain, mais Schneider a déjà "ajusté la taille des équipes et un certain nombre d'investissements pour tenir compte de cette perspective défavorable", a expliqué M. Babeau.
Le dirigeant a toutefois mis en avant quelques "bonnes nouvelles" au troisième trimestre comme le retour de la croissance en Chine, une première depuis deux ans, la bonne résistance aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest, ainsi que les performances des activités de services, d'appareillages et de distribution finale.