PARIS (Reuters) - Les seniors représentent une part grandissante des personnes précaires en France, montre le rapport annuel du Secours catholique-Caritas France sur l'état de la pauvreté en France, publié jeudi.
Dans ce rapport fondé sur 86.275 fiches renseignées en 2017 par des personnes accueillies, l'association fait état d'une hausse continue de la part des adultes de nationalité française âgés de plus de 50 ans : ils représentent désormais un tiers des hommes et femmes rencontrés, contre un peu plus d'un quart en 2010.
"Cette fragilité croissante des seniors traduit une précarisation progressive des personnes âgées isolées dont les enfants ont quitté le foyer", note l'association.
"Leurs maigres pensions de retraite ou la faiblesse du minimum vieillesse pour ceux n'ayant pas accumulé de droits (notamment les femmes au foyer) ne suffisent plus à couvrir un coût de la vie croissant."
Ce vieillissement de la population accueillie par le Secours catholique va de pair avec une augmentation de la part des personnes qui sont au-dessus du seuil de pauvreté statistique retenu par l'Insee, à 60% du niveau de vie médian, une population qui est souvent sans enfant, âgée de plus de 65 ans, mais ne parvient pas à faire face à des dépenses trop lourdes.
Globalement, les femmes sont plus fragiles que les hommes, note le Secours catholique, qui fait état d'un "creusement des disparités" selon le sexe, l'âge et la nationalité, "avec d'un côté une population française plus féminine et vieillissante, de l'autre une population étrangère plus masculine et jeune".
Un peu plus de 40% des personnes ayant recours au Secours catholique sont au chômage, plus de 19% ont un emploi, et ces deux populations voient leur "fragilité" relative par rapport à la population générale augmenter.
Le non-recours au revenu de solidarité active (RSA) et aux allocations familiales est en augmentation, avec un quart des ménages en situation régulière ayant au moins deux enfants ne percevant pas d'allocations familiales, et un tiers des ménages éligibles au RSA qui ne le perçoivent pas. Le non-recours est plus élevé pour les ménages étrangers que français.
(Julie Carriat, édité par Jean-Baptiste Vey)